CHANT VIII
18 décembre 2020
A L'ORACLE DE LA DIVE AMPHORE

H U I T I E M E C H A N T - L A T R A H I S O N D 'E U D O R E
Apollon avait entendu une prière et il descendit des cimes de l'Olympe, le coeur palpitant, ayant à l'épaule, avec l'arc, le carquois aux deux bouts bien clos. Le Dieu courroucé s'en allait dans la nuit, pour intervenir contre les hommes et punir les impudents, ceux qui avaient osé insulter son père. L'on comprit qu'un Roi avait osé changer de Dieu tutélaire !
- L'HELLADE EN GUERRE -

Les Grecs pullulaient autour des îles, comme croissent et coassent les grenouilles au bord d'une mare. A ce tableau gracieux, pouvions-nous ajouter de vives tensions entre les Rois, agacés par l'étroitesse des possibilités d'extension. La plus intense activité diplomatique se déroulait alors à Mycènes. Là, Agamemnon vociférait contre ses gens, en raison d'une fête qui avait dégénéré jusque dans le temple et donc devant les Dieux. Le vin servi avait été divin, certes. Un nectar dont les invités avaient pu emporter les amphores en cadeaux. Mais en ce jour de labeur, le Roi devait retrouver sa lucidité, s'excuser humblement devant les Dieux et répondre aux multiples lettres. "Mon Roi, tout est prêt. Achille et Ménesthée, ne cessent d'envoyer des courriers. Que dois-je leur répondre ? Au fait, voici le vin et le pot de chambre exigés." Un pet. Crasseux. Liquide et odorant. Voici la réponse que fit Agamemnon. Mais, malgré les excès de la veille, le Roi de Mycènes réfléchissait avec célérité. Il était le monarque qui dominait les esprits et dirigeait les serpents flatteurs de l'Hellade.
- LA TRAHISON D'EUDORE -

Dans la guerre qui sévissait, l'on savait Ulysse proche d'être hors de combat. Les regards se tournaient ainsi vers Achille, déclaré allié putatif. Dans le royaume de Phthie, on tentait de s'organiser au mieux pour riposter au plus vite. Mais, Eudore, qui menait la troisième armée, ne se présenta jamais à l'endroit voulu. Achille, en apprenant cette défection, se mit dans un état d'emportement tel qu'on ne l'avait jamais vu, ce qui ne suggérait rien de bon. Car, oser affronter Achille était déjà une gageure. Le défier alors qu'il était colère était une folie. L'on sut, bien plus tard, qu'Eudore n'avait pas trahi, mais qu'il avait été retenu par des Centaures dans les vastes forêts du Sud de la Thessalie. Puis, une armée de Phocidiens - des montagnards incultes - attaquèrent Trachis. Ces mésaventures étaient le signal tant attendu. Ménesthée en profita aussitôt...
- ATTAQUES EN THESSALIE -

Ménesthée était regardé par Athéna aux yeux pers, car c'est de lui qu'allait dépendre le sort de la guerre, maintenant. Lançant deux attaques contre les terres du grand Achille, il s'empara de deux villes méridionales. Les villes étant sans armée et sans garnison, Ménesthée ravagea le pays avec application. Tel un lion, surprenant sans guide quelque troupeau de chèvres, il se jeta au milieu d'une atroce tuerie. Il tuait à la ronde et une plainte montait, horrible, de tous les corps que frappait son épée. Le sol devenait rouge de sang. Après quoi, il entra dans la mer pour y laver la sueur abondante qui couvrait ses jambes et rafraichir son coeur. Désormais, la Thessalie le craignait. Calydon et Alopé étaient siennes. Quant aux Phocidiens, ils infligèrent des pertes à la garnison de Trachis, mais furent repoussés.
- LE TRESOR D'IDOMENEE -

Idoménée n'était pas un sauvage et la capture de Pénélope lui assurait un ascendant dans ses pourparlers avec Ulysse. La capitulation devenait inévitable si le Roi d'Ithaque ne reprenait pas sa capitale cette année. En conséquence, Idoménée traita correctement ses prisonniers royaux, mais il mit son armée en alerte et renforça les points de défense de l'île. Le temps jouait maintenant avec lui et il savait que son ennemi devait perdre la partie, immanquablement. Ulysse allait toutefois mettre les dernières semaines à profit, non pas pour reprendre Ithaque, mais pour surprendre ses adversaires, là où on ne l'attendait pas.
- LA VENGEANCE D'ULYSSE -

Loin de son île, Ulysse haranguait les rameurs, gesticulait en s'accrochant dans les cordages et montait au plus haut de la matûre, pour hurler dans le vent. Ses navires arrivaient enfin en vue d'Ithaque et une fébrilité traversait les corps et les esprits. D'un bond, il arrivait sur la plage et pouvait contempler la place déserte, où gisaient les chevaux éventrés et les soldats inertes. Le palais, au sommet de la colline gardait les séquelles fumantes de la tragédie. Il n'y avait plus personne, là. Rien qu'une armée adverse qui honorait sa victoire. Ulysse sanglota, puis appela ses derniers fidèles. On ne pouvait plus rien pour sauver Ithaque. Mais on pouvait se venger et attaquer Agamemnon - car Ulysse subodorait que le Roi de Mycènes était l'artisan de cette tragédie - là où il aurait mal, c'est-à-dire dans ses récentes colonies. C'est pourquoi Ulysse contourna l'archipel et débarqua à Zante. Son lieutenant Mégès fit de même à Otrante.
- BATAILLE DE DOULICHION -

Mais à force de se chercher, les ennemis se dirigeaient vers une grande confrontation inévitable. La rencontre se déroula sur mer, entre les îles de Céphalonie et de Leucade, au large de Doulichion. "Chante, Muse, chante par ma bouche les hauts faits du royaume de Crète et d'Idoménée, fils de Deucalion". La flotte d'Idoménée était immense et bien armée. Elle progressait le long de la côte depuis des semaines, déposait prudemment l'armée du Roi en Elide, puis louvoyait entre les îles. Pendant ce temps, la troisième flotte d'Ithaque qui cherchait une autre flotte, se réjouit d'attraper une proie et passait à l'attaque. Elle découvrait le nombre incroyable de galères crétoises, mais se jeta dans le combat avec une haine sacrée. Sacrée, oui, car Dionysos le dieu de la vigne et de l’extase, était du côté d'Ulysse et permit à tous les soldats et aux équipages marins de se battre avec un courage décuplé. Cependant, la science de la mer était si bien maîtrisée par les Crétois, que la lutte fut vaine. Tous les navires ithaquiens furent coulés, les Crétois remportant une victoire retentissante. Quant à Ulysse, comme il n'avait pas repris sa capitale, il devait capituler et donc signer une paix obligatoire de cinq ans avec Idoménée et verser sur cette période 200 millions.
- COLONISATION DE LA CRIMEE -

Priam accompagnait son fils Pâris-Alexandre et son général Glaucos sur la plage de Tauride. Il voulait voir les champs infinis de cette Tauride légendaire, une région fameuse pour ses productions de blés. Chersonèse lui ouvrait ses portes. Dans un tout autre décor, le général Pandare terminait ses tribulations au coeur de l'Asie Mineure, prenant la cité de Sagalassos, dormant tranquillement au pied des contreforts du Taurus. Et pendant que Priam envoyait son aîné Hector prendre Acanthe, au nez et à la barbe des hommes d'Achille, il dictait une lettre de déclaration de guerre à son encombrant voisin.
- AMPHIMAQUE ET L'HISPANIE -

Amphimaque de Milet avait envoyé son cousin Nomion découvrir les dernières terres habitées, aux environs des colonnes d'Heraclès au terme du monde méditerranéen. Ayant été dissuadé de brusquer les indigènes, Nomion avait réussi à calmer leur ardeur et à endormir leur méfiance. Aussi, put-il compter sur un répit de leur part, afin de renforcer sa troupe. Mais, alors qu'il se sentait plus fort, Nomion attaqua par surprise les Ibères et les massacra sans pitié. Les Milésiens purent ainsi entrer dans la ville de Gadis et atteindre l'océan des Atlantes, au bord duquel ils découvrirent d'étranges oiseaux échassiers. Aussitôt, ils les firent bouillir avec des épices et du vin. Cela goûtait le canard, avec une saveur subtile de crevette.
- LA SICILE PHENICIENNE -

La céramique sicilienne était réputée de part le monde et son contrôle était irrésistible pour le premier des peuples marchands. Voilà pourquoi le Phénicien profita des malheurs du Roi Ulysse, pour s'imposer dans les cités notoires de la plus grande île de la Méditerranée. Il négocia le rachat des foulons d'Akragas et pris le contrôle de Panorme. Zimrida offrait ainsi à Elissa les plus beaux vases, les plus somptueux bijoux et les plus fins tissus. La petite princesse de Megiddo, qui avait jadis accepté un mariage forcé, devenait la plus élégante des femmes, la plus choyée. Tous s'accordaient pour dire qu'une visite au palais était un enchantement rare, lorsqu'Elissa, vêtue d'une robe au raffinement inégalable, entrait dans la salle de réception avec un déhanché à la régularité pendulaire. Cette apparition était le summum de la sensualité, car au niveau du dos, apparaissait sous le voile bleu, la naissance du sillon qui partage le somptueux pétrusquin en deux parties, que Dieu, dans son infinie bonté, fit égales. Ces fesses devenaient pour les hommes, un fanal qui guident les navires. Ah, que Zimrida devait être heureux !
- L'IMPATIENCE DE RAMSES -

Les récentes expéditions égyptiennes en Canaan portaient leurs fruits. Tous comprenaient, en Phénicie, en Amurru et jusqu'en Syrie, que Ramsès le Grand allait reprendre le combat avec une détermination totale. Aussi, la résistance à l'arrivée de Pharaon fut-elle limitée. Sur le terrain, les Phéniciens se dérobaient intelligemment et ne dédaignaient pas à recevoir des ambassades. Tout semblait aller pour le mieux pour le divin monarque d'Egypte, jusqu'à ce que ce dernier s'irrita de la lenteur de la quatrième armée du général Montouemtaouy. Ramsès devait attendre - quel outrage ! - dans les palmeraies situées entre Ašhdod et Ašcalon. L'ennui était tel, disait-on, que Pharaon se mit à dicter à ses scribes les plans de constructions qu'il avait en tête pour les dix prochaines années. C'est lors de ces longues journées que le Roi reçut une lettre du prince Amenmès, qui annonçait sa victoire contre les Nubiens à Semna, la ville de l'or. La joie et l'espoir étaient de retour et encourageaient Ramsès à de nouvelles conquêtes.
- OBJECTIF QADESH -

Soudain, une corne résonna d'une haute tour. Les renforts arrivaient à marche forcée, à Ašcalon, enfin. Ramsès ne leur laissa pas un jour de repos et exigea que les troupes soient au plus vite embarquées dans la flotte, laissant le général Montouemtaouy découvrir sa lettre de nomination de gouverneur de la région. Son grand rôle était terminé ; il avait une année pour se reposer. Déployant leur voile caractéristique, les nefs égyptiennes prirent le large et de la vitesse, remontant le long de la côté phénicienne vers le Septentrion. Et là, tous surent que Ramsès revenait pour châtier Qadešh. Il ne pouvait en être autrement. Au bord de l'Oronte, une armée menée par Aribas, le Roi de Tyr, l'allié de Ramsès, verouillait le pays d'Amurru. Assurément, il ne pouvait en être autrement.
- ANNEE BISSEXTILE -

Le temps des combats s'arrêta soudain, pour laisser les soldats devenir des athlètes et rejoindre les villes saintes d'Hellade, afin de fêter dignement les Dieux. Les Jeux isthmiques, néméens et olympiques offraient à tous le loisir de penser un moment à autre chose.
Pour chaque épreuve, seul le vainqueur avait droit aux honneurs et sa Cité recevait une prime substantielle de 30 millions. Seuls l'Egyptien Ksawierê et le Phénicien Antonial avaient le front ceint des lauriers de l'invincibilité, reçus il y a quatre années. Mais ce n'était pas le plus surprenant : cette fois, aucune des épreuves n'avait été remportée par un Grec. Et cela représentait l'humiliation suprême !
Course à pied (premier importateur) : Battištili du HATTI
Pentathlon (premier exportateur) : Antonial de SIDON
Course hippique (éclat de la civilisation) : Igigi d'ASSYRIE
Pugilat (premier conquérant) : Ksawierê d'EGYPTE
Poésie musicale (investissement royaux) : Pascalos de TROADE
Date limite : vendredi 8 janvier 2021. ET BONNE ANNEE A VOUS TOUS.
Guerres déclarées :
Ulysse a désormais un traité de paix jusqu’au chant 13 inclus avec Idoménée, Agamemnon, Ménesthée, Salmanazar, Hattusili, Ménélas.
AGAMEMNON de Mycènes est en guerre contre ACHILLE de Phthie
IDOMENEE d'Ithaque est en guerre contre ACHILLE de Phthie
MENESTHEE d'Athènes est en guerre contre ACHILLE de Phthie
PRIAM de Troie est en guerre contre ACHILLE de Phthie

Alliances officielles :
Alep : Talmi-Sarruma est le vassal de SALMANAZAR d'Assyrie
Chalcis : Eléphénor est le vassal de MENESTHEE d'Athènes
Ebla : Ammistamru est le vassal d'ULYSSE d'Ithaque
Suse : Untašh-Napirišha d'Elam est le vassal de KADASHMAN de Babylone
Telmesse : Sarpédon de Lycie est le vassal d'IDOMENEE de Crète
Thémiscyre : Penthésilée de Thémiscyre est la vassale de HATTUSILI du Hatti
Tyr : Aribas est le vassal de RAMSES d'Egypte.
Wašhuganni : Shattuara du Mitanni est le vassal de SALMANAZAR d'Assyrie

Tableau actualisé des Exportateurs :
Argent : Ebla (SALMANAZAR), Ispal (AMPHIMAQUE), Salone (MENELAS).
Bois : Ašcalon (RAMSES), Byblos (ZIMRIDA), Tyr.
Céréales : Babylone (KADASHMAN), Chersonèse (PRIAM), Memphis (RAMSES).
Chevaux : Ecbatane (KADASHMAN), Hattušas (HATTUSILI), Tanagra (MENESTHEE), Troie (PRIAM).
Huile : Amyclées (MENELAS), Cnossos (IDOMENEE), Jéricho (ZIMRIDA).
Marbre : Halicarnasse (AMPHIMAQUE), Naxos (IDOMENEE), Tabarka (ZIMRIDA).
Métaux : Assur (SALMANAZAR), Kythion (ZIMRIDA), Malatya.
Or : Abdère (PRIAM), Colchis, Semna (RAMSES).
Poterie : Athènes (MENESTHEE), Corinthe (AGAMEMNON), Panorme (ZIMRIDA).
Sel : Istros (PRIAM), Pallantium, Sidon (ZIMRIDA).
Tissu : Akragas (ZIMRIDA), Milet (AMPHIMAQUE), Trachis (ACHILLE).
Vin : Ialysos (AMPHIMAQUE), Ithaque (ULYSSE), Tarse (SALMANAZAR).
