CHANT XVIII
23 juillet 2021
A L'ORACLE DE LA DIVE AMPHORE

D I X H U I T I E M E C H A N T - L A M A I T R I S E D E S M E R S
Le Dieu Poséidon, frère de Zeus, était tourmenté par la plainte des marins qui imploraient l'Olympe de tous les côtés. Aux quatre vents des mers nombreuses, les hommes et les navires filaient vers un destin funeste. Poséidon était mécontent. Il fallait qu'il intervienne pour récompenser les plus téméraires.
- THALASSA -

Les mers étaient devenues les nouveaux théâtres de la guerre. Des galères par centaines se présentaient soudain à l'ennemi, en voguant rapidement, fendant les flots d'une double trace d'écume blanche. Les cordages tendus étaient prêts à céder, les voiles gonflées étaient sur le point de se déchirer, mais les capitaines continuaient à foncer droit devant en priant Eole. Que de combats allaient surgir de ces manoeuvres maritimes dans un prodigieux fracas... Mais avant cela, il fallait que l'on vous narre la guerre de Troie, où la situation se compliquait pour Priam.
- INQUIETUDE A TROIE -

Le Roi Priam était toujours maître de ses conquêtes et semblait repousser facilement les timides contre-attaques des Hittites et des Milésiens. Dans les plaines tourmentées du plateau anatolien, le général Pandare poursuivait l'armée adverse en déroute vers Gordion. Les tourments ne venaient donc point de ce front. Contre Milet, les Troyens perdaient quelques plumes, mais équilibraient les déceptions en s'emparant de Samos. Les tracas venaient d'ailleurs, de ces rudes Orientaux, vendeurs de métaux, qui refusaient encore et toujours de livrer leurs marchandises aux Troyens. Ceci voulait certainement dire que le Roi d'Assyrie soutenait les Hittites ou les Milésiens. Et cela était vraiment inquiétant, parce que Priam apprenait de Crète qu'Idoménée déclarait céans la guerre à Troie.
- ATTAQUES CROISEES -

Pendant que les Troyens débarquaient à Samos, les Milésiens libéraient Halicarnasse et Didymes. Quelques escarmouches dans une guerre de mouvements. Renseigné sur ce point, le Roi Priam recevait un héraut d'Ionie : " Je n'ai jamais encore redouté des gens qui ont au milieu de leur ville un endroit pour se réunir, jacasser et se tromper mutuellement par des serments. Ces mangeurs de glands, si je conserve la santé, auront l'occasion de bavarder non plus sur le malheur des Hittites, mais sur les leurs. " Pourtant, dans la dernière confrontation entre Troie et Milet, c'est Milet qui sortait victorieuse, sur mer cette fois. Une flotte troyenne bien imprudente, s'était aventurée pour tirer quelques flèches enflammées sur la capitale adverse, lorsque la marine d'Amphimaque revint en métropole. L'âpre bataille dura toute une journée, au cours de laquelle, les vaisseaux troyens furent coulés. A la nuit tombée, les Milésiens débouchaient les amphores pour boire du vin et célébrer leur ardeur au combat.
- LA PAIX DES MARINS -

Plus ils approchaient de la côte déchiquetée, plus ils percevaient le ressac qui tonnait contre les rochers. Les étraves fendaient les vagues et les marins étaient recouverts de l'embrun des écumes. Ils regardaient leurs chefs et pensaient qu'ils ne pouvaient plus décemment se faire la guerre, entre navigateurs rompus aux voyages périlleux. Le Roi Idoménée et le Roi Zimrida conclurent donc une paix pour dix ans. Comment Zimrida était-il parvenu à esquiver une guerre aussi habilement, derechef ? Peut-être en ordonnant à ses hommes d'abandonner aux Crétois toute prétention le long de la côte africaine, de Tabarka à l'Egypte...
- LES SPARTIATES CHEZ LES LOTOPHAGES -

Visiblement, le Roi Ménélas n'était pas au courant de ces tractations et ses guerriers, envoyés sur les terres jouxtant l'Afrique phénicienne cédée à Idoménée, ne se posèrent aucune question quant à leur droit d'être débarqués à Gabès. Les indigènes ne firent pas de résistance honorable et les Spartiates parvinrent à conquérir le pays et à en subjuguer les habitants. Les fiers citoyens de Lacédémone massacrèrent d'ailleurs tout ceux qui osaient se présenter devant leurs lances à deux pointes. Pourtant, la région était notoire pour l'humeur pacifique de ses habitants, qu'on appelait les Lotophages, c'est-à-dire les "mangeurs de lotus". Ces derniers avaient la réputation singulière de somnoler à l'ombre des figuiers dès midi passé. Gabès fut donc promptement prise. Quelques jours après, les Crétois apparaissaient à l'horizon, pensant finaliser la conquête totale du rivage libyen.
- SEVERE OLIGOPOLE DES METAUX -

Beaucoup d'actions étaient en ces temps ralenties par le blocus économique imposé par les exportateurs de minerais de fer, de cuivre et d'étain. Depuis deux ans, une décision radicale freinait les livraisons de métaux et ne permettait plus à certaines nations d'armer de nouvelles troupes. Les deux vendeurs s'appelaient alors Salmanazar et Hattušili et ces deux là s'étaient entendus pour ne plus fournir un seul lingot de fer à qui que ce soit qui ne leur revenait pas. Cet acte délibéré concernait de très nombreux pays, qui se voyaient soudain incapables de poursuivre la guerre !
Cette politique impitoyable s'effondrait lorsque, dans la ville de Malatya, les mineurs révoltés parvenaient à se débarrasser du gouverneur hittite, un homme prétentieux et corrompu. L'armée avait été appelée et ce gouverneur n'avait rien trouvé de mieux que de soudoyer son suzerain. La ville de Malatya, à l'instar d'Ispal ignorée par Amphimaque, reprenait son indépendance !
- L'ACCABLEMENT DE RAMSES -

Un ciel lourd et bas pesait sur la tête du maître suprême de l'Egypte. Trois nations avançaient leurs pions vers les tours égyptiennes et nul allié ne venait épauler le divin Ramsès. La balance des forces penchait assurément du côté de la coalition des Asiates, auxquels les Egyptiens ne pouvaient accoler d'autre qualificatif que perfides. N'étaient-ce pas eux qui avaient poussé leur Roi à faire la guerre contre Zimrida, pour ensuite le trahir ? Mais l'altier Ramsès n'était pas homme à se cacher et à attendre en position défensive. Ramsès n'était pas homme, tout court. Lui, le Dieu vivant des Egyptiens, n'allait pas trembler en apprenant la perte de quelques villes de Canaan. Ramsès allait frapper un grand coup...
- LA CHARGE DES EGYPTIENS -
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Zimrida, qui se voyait le héros de l'année, envoyait toutes ses forces contre la ville de Tyr. Toutes ? Oui, toutes. Une armée immense, une armée invincible qui avait le champ libre, car les Rois de Mésopotamie avaient promis une diversion dans l'arrière-pays de Canaan. Ramsès, lui, rassemblait sa charrerie pour mener une offensive gigantesque... sur Sidon. La rencontre ou plus exactement le choc - 95 bataillons se heurtèrent là ! - eut lieu à côté du village de Sarepta. Jamais autant d'hommes n'avaient participé à une bataille. Le destin du Monde se jouait à Sarepta. Le combat fut épique et nombre de héros anonymes furent tués dans ce chaos affreux. Les chars égyptiens, plus nombreux, mieux armés, mieux commandés, semèrent la mort dans les rangs sidoniens et ravagèrent les lignes. Zimrida vit, horrifié, l'anéantissement de deux de ses trois armées dans un bain de sang. Et Ramsès, tenant les brides de ses deux étalons, continuait de pousser la cavalerie. Le Prince Montouemtaouy, menant la quatrième armée, fut le premier à atteindre les murailles de Sidon. Le reliquat de l'armée de Zimrida y avait fait retraite et fut immédiatement protégé par la garnison royale. Montouemtaouy lança un sac de jute sanguinolant par delà le mur. Les Sidoniens étaient médusés. C'était la tête du célèbre Prince Beneq. En quelques jours, toute l'armée égyptienne se rangeait devant Sidon.
- PARACHEVEMENT SUR MER -

Les Phéniciens devaient renverser la situation sur mer, car ils avaient toujours excellé sur cet élément. Malheureusement, Zimrida n'avait plus à ce moment la première marine du monde et ce depuis longtemps. Le souffle du vent grondait dans les voilures et le ciel devenait menaçant. Une dernière victoire égyptienne achevait les prétentions phéniciennes, lorsque la flotte de l'amiral Amenemopet parvint par tous les mérites possibles à intercepter la flotte sidonienne qui tentait de s'échapper. Elle fut envoyée par le fond. A Sidon, on eut décidément beaucoup de mal à dormir cette nuit là. Quand donc, la riposte allait-elle arriver ?
- SAC DE PHAROS -

Dans le camp assyrien, la confusion était grande, parce que les ordres royaux étaient complexes. Pourquoi Salmanazar demandait-il à ses marins d'aller à Paphos en Egypte, alors que cette ville portuaire est... à Chypre ! En écoutant les scribes, les capitaines pouvaient espérer suivre au mieux les idées royales, puisque le nom de la ville de Busiris éclaircissait le débat. C'est pourquoi la flotte assyrienne mit le cap sur Pharos et non Paphos. Ces cogitations avaient fait perdre la sérénité des Assyriens et ils débarquèrent avec beaucoup de nervosité sur les rivages du delta du Nil. Ils prenaient Pharos après de durs combats, la cité étant pourvue d'une garnison aux contingents inattendus. Et Salmanazar de pester vers les Cieux que ses armées ne puissent pousser leur avantage. Installé dans son camp en Canaan, il brandissait son étendard, ses yeux luisaient sous ses sourcils terribles et sa tiare d'or autour de ses temps s'agitait effroyablement. Pendant que les Assyriens saccageaient l'île de Pharos et ses pauvres habitants, les Babyloniens étaient plus efficaces en prenant Aštaroth, Jéricho et Symira, tels des aigles fauves qui attaquent un vol d'oiseaux picorant le long d'un fleuve.
- LE CHAT ET LA SOURIS -

Le long du Nil, l'administration égyptienne était excellente. Elle savait depuis quelque temps que certains étrangers s'étaient mêlés aux marchands de tous les horizons pour agir sous table pour le compte de souverains peu scrupuleux. En conséquence, le Grand Vizir que les autochtones surnommaient " le Chat " ordonnait une rafle magistrale de tous les suspects. Il avait assez attendu, surveillé, repéré. Il était temps de passer à l'action et d'arrêter le cirque des souris assyriennes. Tous les agents furent arrêtés et reconduits à la frontière. En même temps, les Egyptiens rompaient leurs liens commerciaux officiels avec l'Assyrie et détruisaient le comptoir établi à Memphis.
- GRACIEUSE ARCHITECTURE -

Beaucoup de souverains aimaient lancer de grands chantiers, afin de prouver aux peuples l'excellence de leur civilisation. Dans cette compétition, la majorité des bâtiments manquaient de majesté, car on n'y voyait que le côté pratique. Mais au milieu de tous ces projets, deux Rois s'étaient résolument attardés à montrer leur amour du Beau. C'était Hattušili le Hittite et Ménésthée l'Athénien, deux visionnaires de l'Art, qui n'avaient pas hésité à dépenser des fortunes pour élever les plus beaux palais, temples, jardins ou académies dans leur capitale. Le monde allait s'en souvenir, d'autant que s'achevait alors la construction d'un monument érigé à Athènes, aux frais des filles qui exerçaient le métier de courtisanes. Il est vrai qu'en Attique, toutes les filles se prostituaient pour gagner leur dot et ce jusqu'au jour où elles trouvaient un mari. Ce sont elles d'ailleurs qui choisissaient leur époux et non le contraire. Mais ne nous laissons pas distraire : Athènes et le Hatti prenaient une avance considérable dans le classement des civilisations, c'est bien cela que nous évoquons.
- ULYSSE AU BOUT DU MONDE -

Le Roi d'Ithaque était un habitué des voyages lointains. Cette fois, il avait envoyé une flotte conduite par le brave Polyxénos, conquérir la dernière ville du Monde connu, aux confins de la Mer Adriatique. Polyxénos, l'émule d'Arès, attaquait les Barbares de la région avec férocité. Ces hommes marchaient par des mauvais chemins jusqu'à la frontière de la civilisation en donnant des coups de lances en l'air pour chasser les Dieux étrangers. Polyxénos trouvait le chef adverse, le défiait, le frappait en plein ventre. Le bronze déchirait le plastron de la cuirasse pour aller puiser dans les entrailles. Le coup était doublé par un estoc entre les bourses et le nombril, à l'endroit où Arès a toujours été le plus vicieux. L'homme choyait lourdement dans la poussière, agrippant le sol de ses mains et serrant les dents à se les faire éclater. La ville de Tergeste devenait propriété du Roi d'Ithaque.
Date limite : vendredi 27 août après le souper vespéral.
Tableau actualisé des Exportateurs :
Argent : Ebla (SALMANAZAR), Ispal (-), Salone (MENELAS)
Bois : Ašcalon (RAMSES), Byblos (ZIMRIDA), Tyr (-)
Céréales : Babylone (KADASHMAN), Chersonèse (PRIAM), Memphis (RAMSES)
Chevaux : Ecbatane (KADASHMAN), Hattušas (HATTUSILI), Tanagra (MENESTHEE), Troie (PRIAM)
Huile : Amyclées (MENELAS), Cnossos (IDOMENEE), Jéricho (KADASHMAN)
Marbre : Halicarnasse (AMPHIMAQUE), Naxos (IDOMENEE), Tabarka (IDOMENEE)
Métaux : Assur (SALMANAZAR), Kythion (SALMANAZAR), Malatya (-)
Or : Abdère (PRIAM), Colchis (HATTUSILI), Semna (RAMSES)
Poterie : Athènes (MENESTHEE), Corinthe (AGAMEMNON), Panorme (ZIMRIDA)
Sel : Istros (PRIAM), Pallantium (AGAMEMNON), Sidon (ZIMRIDA)
Tissu : Akragas (ZIMRIDA), Milet (AMPHIMAQUE), Trachis (ACHILLE)
Vin : Ialysos (IDOMENEE), Ithaque (ULYSSE), Tarse (SALMANAZAR)

Guerres déclarées :
RAMSES d'Egypte est en guerre contre ZIMRIDA de Sidon
RAMSES d'Egypte est en guerre contre SALMANAZAR d'Assyrie
RAMSES d'Egypte est en guerre contre KADASHMAN de Babylone
AGAMEMNON de Mycènes est en guerre contre AMPHIMAQUE de Milet
MENESTHEE d'Athènes est en guerre contre AMPHIMAQUE de Milet
MENELAS de Sparte est en guerre contre AMPHIMAQUE de Milet
PRIAM de Troie est en guerre contre AMPHIMAQUE de Milet
PRIAM de Troie est en guerre contre HATTUSILI de Hattušas
PRIAM de Troie est en guerre contre IDOMENEE de Crète

Alliances officielles :
Alep : Talmi-Sarruma est le vassal de SALMANAZAR d'Assyrie
Argos : Diomède est le vassal d'AGAMEMNON de Mycènes
Chalcis : Eléphénor est le vassal de MENESTHEE d'Athènes
Sardes : Argon de Lydie est le vassal de PRIAM de Troie
Suse : Untašh-Napirišha d'Elam est le vassal de KADASHMAN de Babylone
Telmesse : Sarpédon de Lycie est le vassal d'IDOMENEE de Crète
Thémiscyre : Penthésilée de Thémiscyre est la vassale de HATTUSILI du Hatti
Tyr : Aribas est le vassal de RAMSES d'Egypte.
Wašhuganni : Shattuara du Mitanni est le vassal de SALMANAZAR d'Assyrie

Traités de paix imposés :
AMPHIMAQUE de Milet et IDOMENEE de Crète sont en paix jusqu'au Chant XX
ZIMRIDA de Sidon et AGAMEMNON de Mycènes sont en paix jusqu'au Chant XXI
ZIMRIDA de Sidon et SALMANAZAR d'ASSYRIE sont en paix jusqu'au Chant XXII
ZIMRIDA de Sidon et KADASHMAN de Babylone sont en paix jusqu'au Chant XXII
ZIMRIDA de Sidon et IDOMENEE de Crète sont en paix jusqu'au Chant XXVIII