CHANT IX

8 janvier 2021

A L'ORACLE DE LA DIVE AMPHORE

N E U V I E M E  C H A N T   -   L A   B A T A I L L E   D E   Q A D E S H

Un nouveau jour tardait à se lever face au Mont Olympe. Zeus regardait sa main bouger, toucher ce qui est vrai et se souvenir avoir caressé le corps de l'amour. D'un geste sec, sa main déchirait le passé. Le père des Dieux épiait les hommes et comprenait comment pour eux la peur de la vie disparaissait. 

- LA TROISIEME BATAILLE DE QADESH -

Quel charme envoûtant avait cette ville de Qadešh, juchée sur un promontoire et contourné par un maigre fleuve ? Quelle atout avait-elle cette Qadešh, pour y attirer trois fois les Egyptiens ? Séthi l'avait investie. Ramsès l'avait désirée. Tous savaient, sans trop tourner autour du pot, que le Pharaon était une nouvelle fois dans la région avec une détermination sans faille. Non loin de l'Oronte peu profond, les armées se faisaient face et chacun donnait à ses cochers l'ordre de retenir les chars en bonne ligne. Ramsès, en conquérant consciencieux, au premier rang, tel un astre lumineux sortant des nuages, était resplendissant et sur tout son corps, l'or étincelait comme l'aura d'un Dieu.

- LA CHARGE FURIEUSE -

Le front ceint par le khépresh bleu de l'invincibilité, le Roi de Haute et de Basse Egypte haranguait ses auriges. Les chars étaient soigneusement rangés avant la charge et les chevaux trépignaient. Les fantassins firent un pas en avant en écoutant les officiers. L'aube cédait la place à une matinée claire et voyait la roche et le sable se tâcher de sang lorsque les archers lancèrent leurs premiers projectiles. Le premier, Ramsès mettait ses étalons au galop, suivi par la charrerie du bataillon thébain, qui enfonçait un régiment d'infanterie, le bousculait, le faisait fuir. Ainsi que des moissonneurs qui allaient à travers champ et faisaient tomber dru les javelles, ainsi les Egyptiens et les Amorrites se ruèrent les uns sur les autres, cherchant à se massacrer sans qu'aucun des deux partis ne songea à la déroute. La bataille dura plusieurs heures pendant lesquelles les défenseurs firent honneur à Qadešh. Mais Ramsès était résolu et personne ne pouvait plus empêcher le destin de se produire. Le Roi local, nommé Niqmaddu, avait un fils qui ne pouvait accepter la défaite. Celui-là décocha un dernier trait, qui blessa l'un des étalons du divin Ramsès. Ce geste, du vil Amorrite déchu, fut aussitôt puni par les Medjaïs, les auxiliaires de l'armée égyptienne aux bras vigoureux : le prince fut écorché vif, sa peau clouée aux portes de la ville.

- LE RETOUR DE PENELOPE -

Ulysse avait été vaincu et le royaume d'Ithaque était ruiné. Une paix de cinq ans avait été signée avec le Roi Idoménée de Crète, le grand vainqueur de la guerre. C'était cher payé le retour de son épouse et de son fils, captifs, mais Ulysse était maintenant libre. Il appela à lui tous ses fidèles et concentra ses forces sur son île natale. Il avait cinq ans pour régler ses dettes, relever son royaume et repartir à l'aventure. Cependant, le temps des vaches maigres ne faisait que commencer et l'on se demandait comment les positions d'Ulysse allaient tenir. Ceci fut confirmé, lorsque l'on apprit qu'Otrante était en rébellion ouverte contre son nouveau souverain, abhorré de la population autochtone. Sans réaction immédiate, cette ville pouvait retrouver son indépendance.

- LES TROYENS A ISMAROS -

Les contre-attaques d'Ulysse, lors de la dernière guerre, avaient fait l'effet d'une leçon tactique pour de nombreux esprits. L'un d'eux vivait en Troade et expliqua au Roi Priam, qu'il valait mieux prendre les villes d'un souverain en guerre, occupé sur plusieurs fronts, plutôt que d'attaquer directement sa capitale. C'est ainsi que les Princes Hector et Enée menèrent leurs nefs creuses jusqu'au rivage des villes de Méthone et Ismaros, rongeant avec appétit le royaume de Phthie. Priam avait bien joué, car Achille était occupé à mille lieues de là. Ces deux villes étaient siennes et les pourparlers de paix ne pouvaient qu'en devenir plus faciles. 

- LE PAYS DES LYDIENS -

Au pied des monts Tmolos, dans une plaine fertile s'étendant non loin d'un ruisseau nommé Pactole charriant une myriade de paillettes d'or, vivaient les fiers Lydiens. Les Troyens aurait été bien en peine d'attaquer de front ces Lydiens et ils n'y songèrent pas. De fait, il y a toujours quelque enrichissement à gagner au contact d'un peuple civilisé et prospère. Civilisé, c'est-à-dire passablement hellénisé, comme les Troyens. En conséquence, ce peuple fut choyé par les ambassades de Priam de Troie, qui désirait conclure une alliance avec le notoire Argon de Sardes. Sur le terrain, cette alliance fermait définitivement le pays aux espoirs d'expansion des Milésiens. Mais comme un chat tombant de haut, le Roi de Milet sut retomber sur ses pattes avec dextérité.

- MAITRE DE L'IONIE -

A propos d'Amphimaque de Milet, les rumeurs étaient nombreuses, mais on pouvait croire avec logique, qu'il ne passait pas son temps à visiter des îles, à caresser des chats ou à paresser sur son navire, pour conter fleurette aux jeunes vierges. C'était un conquérant, qui savait sortir de son confort, de temps en temps. Les Colophoniens en firent l'amère expérience, eux, qui se croyaient invincibles. Ne disait-on pas "ajouter un Colophonien" pour parler de la cavalerie indigène, qui suffisait à enlever la victoire partout où elle combattait ? Amphimaque réussit à vaincre ces valeureux cavaliers lors d'une seconde campagne et à entrer dans la ville. Colophon était alors célèbre pour son luxe et son magnifique temple dédié à Apollon. Mais, pour Amphimaque qui avait visité le sanctuaire de Didymes, ce temple était bien modeste. 

- LE LION DE LOCRIDE -

J'ai entendu une histoire étrange, répétée par des générations de Grecs et dois céans vous la conter. Autrefois, un lion géant vivait en Locride et gardait sa tanière, terrorisant la région. Les hommes avaient prévenu Sa Majesté Agamemnon de Mycènes, que personne ne pouvait s'écarter de la route qui longeait les montagnes pour oser fouler le territoire du lion, ce sanctuaire de la mort. Mais Agamemnon n'aimait guère les contrariétés. Se souvenant qu'Héraclès avait combattu avec succès le lion de Némée, les Mycéniens se dirent qu'ils pouvaient régler l'affaire en abattant rapidement l'animal. Ils furent pourtant à la peine et se retrouvèrent bloqués pendant des mois, le traquant un jour, devenant sa proie le lendemain. Quoiqu'il advint, le Roi Agamemnon avait perdu toute initiative pour poursuivre sa marche. Sa grande armée neutralisée apportait une opportunité en or pour le valeureux Achille. Mais ce dernier se priva de faire mordre la poussière aux prétentieux. 

- TOUS CONTRE ACHILLE -

Une deuxième guerre devait retenir les attentions, sur la scène septentrionale de l'Hellade, où Achille devait combattre une coalition de quatre souverains. Guère impressionné, le bouillant guerrier de Phthie maudissait les faibles et déclarait la guerre à Ménélas. Et toc ! Tous ces Rois s'étant rendu hommage conjointement allaient pouvoir tâter de la puissance de son bras... mais plus tard. Car en ces temps, Achille avaient d'autres plans. Il rallia à lui une grande partie des forces vives de Phthie et concentra ses armées autour d'Oechalie, au centre de la Thessalie. Le malheureux Ménesthée qui cherchait partout à le débusquer, dut se résoudre à passer l'hiver dans la montagne. Ce n'était pas réjouissant, puisque le Roi d'Athènes s'était coordonné avec le Roi Agamemnon, qui n'aimait pas perdre son temps. Brefs, ces deux-là avaient imaginé la gloire et voilà qu'ils pataugeaient dans le désespoir. N'était pas Héraclès qui le voulait !

- LA BATAILLE DE TACHRIS -

Comme Hephaistos frappant sans se lasser sur une enclume, le sort ne cessait de s'acharner sur le Roi Agamemnon. Ses tracas avec le lion géant, se transformaient en une inquiétude sans fin quand, à l'horizon, il vit un nuage de poussière s'élever. Une grande armée était en marche contre lui. Ce qui lui amena sur le visage un rictus d'énervement, car la fin de l'année promettait d'être animée pour Agamemnon, pas un instant épargné. L'armée qui s'approchait était menée par Eudore et était composée des Myrmidons de Phthie. Le combat qui allait suivre allait être digne d'un duel de Titans !

Les bataillons d'Eudore se dirigeaient crânement, droit sur le centre de l'armée d'Agamemnon. Le choc fut terrible, les boucliers s'entrechoquèrent, les lances frappèrent les casques de bronze et les épées courtes brisèrent les rangs. Pendant qu’Eudore leur arrachait la vie, les soldats du Roi de Mycènes se ressaisissaient, afin de lancer une vive contre-attaque. A deux pas, un archer décochait une flèche hideuse, qui transperça le plastron d’un Myrmidon. Le trait continua tout droit son chemin, aspergeant toute la cuirasse de sang. C’était ainsi que l’on besognait dans la mêlée brutale. Agamemnon était Roi, Eudore n'était qu'un lieutenant d'Achille. Le domptant en plein élan, Agamemnon pouvait vaincre cet officier tout de noir vêtu. Puis, une troupe nouvelle apparut sur le champ de bataille. C'étaient les féroces Phocidiens, des barbares qu'Agamemnon pu recevoir immédiatement en renfort. Mais alors, Athena entra dans la danse et apporta un soutien décisif aux Myrmidons revigorés, qui écrasèrent sans pitié l'armée mycénienne et leurs alliés de circonstance.

- LE DERNIER REMPART DE PHTHIE -

Eudore ordonna prestement de reformer les rangs, car la guerre pour Trachis n'était pas terminée. Voici qu'arrivait le grand Ajax de Salamine, à la tête d'une armée athénienne, décidée à venger la destruction de son allié. Ajax s’élança contre les plus jeunes guerriers, plein de force, avec l'espoir d'enfoncer la première ligne adverse. Au même instant, son compagnon, l’imprudent Cyanippos était atteint d’un caillou rugueux à la jambe droite. Celui qui l’avait ainsi blessé, était un adroit frondeur de Phthie, nommé Phénix. La pierre implacable avait complètement broyé les tendons, si bien, que Cyanippos s’écroula dans la poussière, sur le dos, tendant les bras vers les siens. Déjà, Eudore accourait et asséna de sa lance un coup près du nombril. Les entrailles s’épandirent toutes à terre et l’ombre couvrit les yeux de ce présomptueux. Mais les Myrmidons ne pouvaient indéfiniment résister aux assauts innombrables des Athéniens. Ajax lançait une ultime charge et remporta la victoire. La garnison de Trachis était renversée. 

- AU SANCTUAIRE DE DELPHES -

Les prêtresses du temple d'Apollon s'agitaient, car un Roi était venu consulter l'oracle. Ménesthée d'Athènes désirait connaître l'avenir, après la victoire de ses armes contre Achille. Ajax venait de lui offrir une victoire décisive, mais la lutte contre le royaume de Phthie n'était point finie. Il fallait que les Athéniens conservassent leur avantage à Tachris et puissent tenir la cité éloignée d'un retour d'Achille. C'était dans ces seules conditions que le Roi de Phthie se retrouverait à devoir capituler, sans condition. La guerre avait été rude, certes, mais Ménesthée et Agamemnon, les fers de lance de la coalition, pouvaient envisager tous les succès.

- A L'OUEST RIEN DE NOUVEAU -

Pendant que Ménesthée entrait en Thessalie pour défier Achille, d'autres héros essayaient de se mettre en évidence, sans un grand retentissement, avouons-le. Ménélas parvenait à écraser la résistance des Arcadiens, en prenant Mantinée. Idoménée de Crète débarquait dans le golfe d'Ambracie, mais sa manoeuvre devenait incompréhensible. Il semblait attendre quelqu'un ou quelque chose, avec ce regard hagard qui ne pouvait tromper personne. Sa présence en Epire ne servait nullement les projets de qui que ce soit. Le vertueux Oreste, général de la seconde armée de Mycènes, lui brûla aussitôt la politesse en venant arracher la ville d'Ambracie. Le brouillard régnait et devint plus intense encore, lorsque les galères athéniennes, qui tentaient l'interception de la flotte d'Achille se retrouvèrent le long d'une côté désolée, sans l'ombre d'un allié pourtant attendu. A dire vrai, il y avait là une confusion rare et presque amusante au peu commun des immortels qui assistait à cet imbroglio terrestre, puis marin.

- SIDON ATTAQUEE -

Les mauvaises nouvelles pleuvaient sur la Phénicie et les fonctionnaires en poste à Byblos découvraient leur Roi qui n'était point rassuré. D'abord, lorsqu'il compulsa un rouleau expédié depuis la grande île au volcan notoire, où les Sikèles ne lui avaient pas laissé l'occasion de prendre la ville de Sélinonte. Ensuite, à Sidon, où toute la cité trembla sur ses bases. Les sonneurs de trompettes étaient fébriles et soufflaient à s'en rompre les joues pour alerter la population. Une armée de nomades affreux, sortant de la forêt de cèdres, s'évertuait à enfoncer les portes de la ville. Quel toupet ! Heureusement, Zimrida au repos à Byblos, pouvait compter sur le Prince Beneq et la garnison de la capitale pour repousser ces sans-gêne sans nom. Ils furent d'ailleurs tous massacrés et leur phallus coupé, afin de tenir des comptes justes pour les archives du Roi.

- LA PASSION DE SALMANAZAR -

Il se trouva chez les Assyriens un homme habile, qui aspirait à la domination de l'Asie. Pour cela, Salmanazar fils d'Adad-Nerari, s'y prit ainsi. Les Assyriens habitaient des bourgades séparées et vivaient dans l'insécurité. Salmanazar, déjà fort estimé dans la sienne, s'attacha soigneusement à pratiquer la justice et à faire profiter les populations de sa fortune. Car l'Assyrie était un empire en constante croissance. Pillage et désordre disparaissaient des contrées tenues par les armées assyriennes. Le Roi, fort de la prospérité de ses gens, leur offrit des courses de chevaux spectaculaires. J'ai oui dire que les dépenses pour ces courses atteignaient des sommes folles, équivalentes aux revenus annuels d'un royaume grec !

- LA QUETE DE LA TOISON D'OR -

Le héros Jason avait gravé les mémoires par son une aventure mythique et passionnante, que tous en Hellade connaissaient, lorsqu'il était parti à la recherche de la Toison d'Or. Les Hittites avaient assurément prêté l'oreille à cette histoire et décidèrent d'envoyer dans la région agreste de Colchide leurs alliées, les Amazones. La Reine Penthésilée fut conduite en bateau jusqu'à la plage la plus lointaine du Pont et s'en alla défier le Roi Æétès. Le pauvre fut massacré sans aucune forme de sentiment et les Amazones s'emparèrent de la toison sacrée, offrant la ville de Colchis aux Roi des Hittites. Ce dernier, appelé Hattušili, trainait le long de la côte avec plusieurs semaines de retard, dans une région dite "du trapèze". Ce pays, le seul d'Asie Mineure à recevoir des pluies toute l'année et de ce fait couvert de forêts denses, était notoire pour ses productions de noisettes et de pistaches. Le péché capital de la gourmandise devenait assurément l'explication de cette errance.

 

Date limite : vendredi 29 janvier, aux dernières lueurs.

 

Guerres déclarées :

AGAMEMNON de Mycènes est en guerre contre ACHILLE de Phthie 

IDOMENEE d'Ithaque est en guerre contre ACHILLE de Phthie

MENESTHEE d'Athènes est en guerre contre ACHILLE de Phthie

PRIAM de Troie est en guerre contre ACHILLE de Phthie 

ACHILLE de Phthie est en guerre contre MENELAS de Sparte

Alliances officielles :

Alep : Talmi-Sarruma est le vassal de SALMANAZAR d'Assyrie

Argos : Diomède est le vassal d'AGAMEMNON de Mycènes

Chalcis : Eléphénor est le vassal de MENESTHEE d'Athènes

Ebla : Ammistamru est le vassal d'ULYSSE d'Ithaque

Sardes : Argon de Lydie est le vassal de PRIAM de Troie

Suse : Untašh-Napirišha d'Elam est le vassal de KADASHMAN de Babylone

Telmesse : Sarpédon de Lycie est le vassal d'IDOMENEE de Crète

Thémiscyre : Penthésilée de Thémiscyre est la vassale de HATTUSILI du Hatti 

Tyr : Aribas est le vassal de RAMSES d'Egypte.

Wašhuganni : Shattuara du Mitanni est le vassal de SALMANAZAR d'Assyrie

Tableau actualisé des Exportateurs :

Argent : Ebla (SALMANAZAR), Ispal (AMPHIMAQUE), Salone (MENELAS).

Bois : Ašcalon (RAMSES), Byblos (ZIMRIDA), Tyr.

Céréales : Babylone (KADASHMAN), Chersonèse (PRIAM), Memphis (RAMSES).

Chevaux : Ecbatane (KADASHMAN), Hattušas (HATTUSILI), Tanagra (MENESTHEE), Troie (PRIAM).

Huile : Amyclées (MENELAS), Cnossos (IDOMENEE), Jéricho (ZIMRIDA).

Marbre : Halicarnasse (AMPHIMAQUE), Naxos (IDOMENEE), Tabarka (ZIMRIDA).

Métaux : Assur (SALMANAZAR), Kythion (ZIMRIDA), Malatya.

Or : Abdère (PRIAM), Colchis, Semna (RAMSES).

Poterie : Athènes (MENESTHEE), Corinthe (AGAMEMNON), Panorme (ZIMRIDA).

Sel : Istros (PRIAM), Pallantium, Sidon (ZIMRIDA).

Tissu : Akragas (ZIMRIDA), Milet (AMPHIMAQUE), Trachis (ACHILLE).

Vin : Ialysos (AMPHIMAQUE), Ithaque (ULYSSE), Tarse (SALMANAZAR).

Historique

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