CHANT XXX

8 juillet 2022

A L'ORACLE DE LA DIVE AMPHORE

D E R N I E R   C H A N T   -    L '  A P O C A L Y P S E

Que l'humanité se noyât, les Dieux n'en avaient cure, ne songeant qu'à leurs grillades. Et les hommes offrirent des sacrifices en allumant de grands feux. Et les Dieux, qui sentirent la bonne odeur, s'assemblèrent comme des mouches au-dessus des chairs fumantes.

- LA RIPOSTE D'AGAMEMNON -

Les phalanges mycéniennes avançaient résolument vers Athènes, afin de châtier Achille et Idoménée. Et celui que l'on appelait le Roi des hommes, Agamemnon, était plein de joie de voir la situation se rétablir. Mais il n'était pas officiellement en guerre. Certes, Mégare était reprise, pillée, brûlée, chatiée. Par contre, rien n'était fait pour régler leur compte aux Rois de Phthie et de Crête. Agamemnon pouvait donc envoyer deux armées à Athènes, elles ne servaient à rien ! Les Argiens, qui n'étaient pas attaqués, devenaient libres et se plaçaient sous la protection d'Achille en livrant leur flotte au royaume de Phthie. Eléphénor de Chalcis faisait de même en quittant l'alliance des Athéniens, pour se mettre sous la protection des Crétois. Agamemnon était furieux !

- LA RAGE D'ACHILLE -

Achille aux pieds légers et à la vigueur indomptable allait réaliser l'exploit de l'année. Avec Léontée, il joignait ses forces et les plaçait sous l'égide d'Athéna, afin d'écraser les armées athéniennes sans pitié. La bataille, entre Trachis et Delphes, fut l'une des plus sanglantes jamais narrée. A la fin du jour, les hommes d'Achille lavaient leurs jambes maculées de sang, leurs cuisses et leurs épaules. Ainsi, l'eau de mer enlevait leur sueur et ensuite, ils entraient dans des cuves remplies d'eau de pluie. S'étant rincés et ensuite parfumés d'huile épaisse, ils venaient s'asseoir pour le repas, puisant dans un plein cratère pour faire, en l'honneur d'Athéna, des libations de vin doux. Les deux armées athéniennes étaient anéanties. Achille jubilait.

- LA BATAILLE DU GOLFE SARONIQUE  -

Les Athéniens, sur leurs galères rapides et assez légères pour être halées le soir sur la plage, s'en allaient punir les Crétois téméraires, s'étant approchés trop près des côtes de l'Attique. La première flotte athénienne - qui avait réussi miraculeusement à échapper à la poursuite des nefs de Diomède - engageait le combat sans attendre. C'est bien les Athéniens qui remportèrent la victoire, en perdant une flotte, mais en coulant tous les navires ennemis. La bataille fut particulièrement meurtrière, car une nouvelle tempête faisait rage en Mer Egée, Poséidon ne parvenant pas à maîtriser les méfaits du terrifiant Python.

- MENESTHEE EN DEROUTE -

Le regard perdu au loin, Ménesthée n'arrivait pas à saisir comment Achille avait réussi à lui infliger un revers fatal. Pour sûr, cet homme devait être le protégé d'Athéna. Ce, pendant que d'autres faits d'armes venaient aggraver la situation. Ainsi, pouvait-on apprendre que les villes d'Italie continuaient de se déliter de l'autorité athénienne. Les Etrusques poursuivaient la libération de leur pays en prenant maintenant la cité de Cortone.

Ces révoltes incessantes faisaient échos aux innombrables calamités qui s'abattaient en ces temps sur le monde : tempête en Mer Egée, épidémie en Egypte, famine en Crète, révolte de Chersonèse, invasion chez les Hittites...

- PLAISIRS D'ASSYRIE -

Pendant que Salmanazar s'assurait une victoire décisive dans sa campagne d'Egypte, le Prince héritier goûtait aux saveurs de la puberté. Cette métaphore traduisait pertinemment la stratégie assyrienne, qui était d'envoyer les alliés se battre, pendant que les Assyriens eux-mêmes suivaient à distance respectable, c'est-à-dire loin des traits des archers ennemis.

- PRISE D'HELIOPOLIS -

Proposant aux Spartiates le rôle de fer de lance pour enfoncer la ligne de défense adverse, les Orientaux laissaient tout l'honneur à Ménélas. Ce dernier ne se faisait pas prier et avançaient toutes ses armées en direction de la capitale égyptienne. Il ne restait alors qu'une citadelle à faire tomber : Héliopolis. Cité sacrée et doyenne des villes saintes du Double Pays, Héliopolis devenait le symbole de l'impuissance égyptienne à arrêter la marée ennemie, désormais insatiable.

- L'ASSAUT DES SIDONIENS -

Seul contre tous, le divin Ramsès continuait d'alimenter le combat en livrant un baroud d'honneur d'une rare exemplarité. Une seconde vague surgissait lorsque les armées du Roi Zimrida entraient sur le territoire égyptien pour convoiter la cité de Klysma. Tant que la lutte durait, on entendait les traits siffler des deux côtés et les Sidoniens, nettement supérieurs en nombre, remportaient la bataille. Partout les généraux de Ramsès devaient affronter des adversaires comptant quatre à cinq fois plus d'hommes. Partout les soldats égyptiens se battaient avec un esprit magnifique. Mais partout ils devaient céder, sous le poids des bataillons ennemis, trop nombreux.

- LE REDUIT DE HAUTE EGYPTE -

Ainsi que la flamme désastreuse dévorait les forêts, de même sous l'impétueux Ménélas tombaient les têtes des Egyptiens en fuite. Les chevaux entrainaient les chars vides à travers les rangs et regrettaient leurs conducteurs qui gisaient contre terre, maintenant plus attirants pour les oiseaux que pour leurs femmes. A cette offensive terrestre s'ajoutait une victoire babylonienne sur les flots, réduisant à rien la force navale de Pharaon.

- LA FIN DE L'ODYSSEE -

Surpris par les derniers vers subreptices de la rhapsodie, les auditeurs avaient tout le loisir maintenant d'applaudir le narrateur. L'assemblée comprenait qu'il était l'heure de faire les comptes. Et, au milieu de cet épilogue, on découvrait que les royaumes agonisants n'étaient pas toujours ceux que l'on croyait. De même, les héros n'étaient pas toujours les soldats qui avaient remporté les plus retentissantes victoires. 

- INOUBLIABLES HEROS -

1. Idoménée de Crète (96 pts) : Noé Hiernaux "au joyeux papier à lettre" a été le plus avisé des souverains, en étant parvenu à entrer et surtout à sortir des guerres aux moments opportuns. Surtout, il a développé son empire colonial avec tact et discrétion et il a usé de toutes les améliorations indispensables pour mener sa civilisation à son apogée. Il remporte haut la main cette confrontation titanesque.

2. Salmanazar d'Assyrie (83 pts) : dès le premier tour, Guillaume Defontaine a été le grand maître de la diplomatie et de la destinée de nombreux pays étrangers. Ses embargos, ses accords secrets et sa parfaite gestion de l'empire assyrien l'emmènent immanquablement sur le podium antique.

3. Priam de Troie (80 pts) : Pascal Crenier a été l'architecte d'un redoutable royaume, devenu le plus riche de tous. C'est certainement lui qui a le mieux utilisé les sanctuaires et les dieux tutélaires, en envoyant des calamités aux endroits les plus inattendus.

4. Ménesthée d'Athènes (79 pts) : Damien Condeço a été très inspiré de se placer systématiquement dans l'ombre d'Agamemnon, car il n'avait pas beaucoup d'ambition territoriale. Par contre, il a été l'un des plus lucides sur l'importance du développement par l'achat des améliorations.

5. Agamenon de Mycènes (74 pts) : Michael Galvez a été un acteur formidable de respect pour son arbitre. Demandant régulièrement son remplacement en arguant de son manque de temps pour s'investir pleinement, il a pesé sur l'Hellade et orienté bien des destins pendant toute la partie, notamment avec sa puissante administration.

6. Kadashman de Babylone (72 pts) : planqué derrière l'Assyrie, Laurent Staner a pris le temps de trouver ses marques et d'avancer lentement vers l'Ouest. Sa prudence excessive a failli lui coûté cher, mais avec quatre alliés, il a pu se permettre de remporter une victoire finale contre l'épouvantail égyptien.

7. Achille de Phthie (64 pts) : Gilles Lecuir a été un adorable réserviste, qui n'a pas eu peur de reprendre un royaume moribond. Patiemment, il a tissé un réseau d'alliances et reconstitué les forces militaires d'Achille, qui avaient atteint le néant. 

8. Hattusili du Hatti (61 pts) : Baptiste Prégardien a été plutôt sage dans son coin,  privilégiant son développement. Il a été rapide comme l'éclair pour saisir le potentiel du jeu et sa tactique était bonne, tant que la guerre n'était pas à ses portes. Ensuite, il s'est laissé manipuler par Priam et Salmanazar.

9. Ramsès d'Egypte (42 pts) : Xavier Lardinois a interprété un magnifique Ramsès, puissant, mégalomane et redouté. Mais il s'est fait rouler dans la farine par l'Assyrie, dont il était convaincu de la sincérité éternelle. Certains se sont demandés pourquoi, avec ses coffres formidables, il n'a pas acheté la fidélité d'un souverain grec, qui aurait été un allié de poids. Et vous en connaissez beaucoup, vous, des joueurs qui en prennent plein la tronche pendant la moitié de la partie sans baisser une seule fois les bras ?

10. Ménélas de Sparte (29 pts) : Benoît Streel a été un acteur secondaire et peu disert. Il s'est même égaré dans la guerre contre Amphimaque, voulant agir contre Priam... qui était son allié. Cependant, son intervention en Egypte a déclenché un haro fatal contre le divin Ramsès. Une chose est sûre, il n'a eu de cesse de vous envoyer des tempêtes et autres désagréabletés avec un rictus aux lèvres.

11. Ulysse d'Ithaque (23 pts) : Julien Viel a pâti de sa défaite arrivée trop tôt dans la partie, contre une immense et impitoyable coalition menée par Agamemnon, mais dont Idoménée a le plus profité. Le pauvre Ulysse n'a jamais réussi à se relever, Agamemnon lui mettant systématiquement des bâtons dans les roues.

12. Zimrida de Sidon (3 pts) : surprenant pénultième, Anthony Grolleau doit se souvenir de ses débuts hésitants, ses actes étant sabotés par un Salmanazar perfide. Il a failli disparaître de la carte, mais s'est accroché comme une moule à la coque d'une galère et, à force de diplomatie, est parvenu à se sortir des situations les plus embarrassantes. Malgré leur assaut victorieux au sein de l'alliance partie à l'assaut de l'Egypte, les Phéniciens sont pénalisés par leur manque d'investissements. En effet, avec Amphimaque, Zimrida est celui qui a construit le moins de bâtiments.

13. Amphimaque de Milet (1 pt) : Jean-François Hut a été un heureux Milésien, colonisant l'Hispanie en toute quiétude, jusqu'à ce que d'ambitieux adversaires apparaissent. Ces derniers ne lui ont laissé aucune chance, une fois que Priam a lancé les hostilités.

C'est fini, vous pouvez ôter vos armures...

Historique

← retour à l’accueil