A L'ORACLE DE LA DIVE AMPHORE

Q U A T R I E M E   C H A N T   -   L ' I M P A T I E N C E   D E S   D I E U X

Homère de Chios, présente ici les vers tirés de sa mémoire, afin que le temps n'abolisse point les travaux des hommes et que les grands exploits accomplis, soit par les Grecs, soit par les Barbares, ne tombent pas dans l'oubli.

- ACHILLE L'IMPITOYABLE -

Le bouillant fils de Pélée était un héros sans reproche. Mais, pour une raison inconnue, il irritait ses voisins par ses investigations et s'en désolait. Retiré sous sa tente, le Roi de Phthie décida de rappeler ses armées et de rentrer dans sa capitale. Les Myrmidons n'osèrent grogner et suivèrent fidèlement leur chef de guerre, ne réalisant aucune attaque contre qui que ce soit en cette année de paix, respectant ainsi les cultes et les jeux panhelléniques... jusqu'à ce qu'ils traversèrent la Thessalie et la plantureuse Larissa. Là, débordés par leurs pulsions guerrières, ils ne purent s'empêcher de violenter la population et d'intégrer la cité à leur royaume.

- LA HAINE DES GRECS -

Tel un Dieu en colère jetant foudre et fracas, Salmanazar d'Assyrie se dressa de son trône et hurla sa détestation des Hellènes devant les courtisans épouvantés. Il ne pouvait plus supporter ces sans-gènes de Grecs, ces aventuriers sans vergogne, qui s'installaient sur toutes les rives de la Grande Bleue et copulaient comme des grenouilles au bord d'une mare. Il fallait que les Assyriens rejettent céans ces effrontés loin des terres d'Orient. C'est pourquoi Salmanazar déclara officiellement la guerre au Roi Ulysse d'Ithaque, par l'envoi de missives dans toutes les Cours.

- BASTONNADES -

Ténès était l'âme noire de l'administration royale, un fonctionnaire cruel et hautain, l'homme le plus craint du royaume de Phthie. Alors, qu'il était en train de cracher ses noyaux d'olives sur les dos lacérés des prisonniers bastonnés, ce Ténès leur demandait calmement d'avouer leur crime. Pour mieux servir son maître, Ténès utilisait les pratiques les plus sévères, tout en assouvissant ses instincts sadiques. Pour obtenir des aveux, que n'avait-il exigé des tortionnaires ? Car une question le taraudait. Que faisaient ces hommes sur le territoire du Roi Achille ? 

- LES JOIES D'AGAMEMNON -

Dans chaque ville où il passait, Agamemnon voulait des fêtes, avec des danseuses et des musiciens et du vin à volonté. Il voulait que son peuple soit subjugué et heureux. Mais Agamemnon était avide en affaires et il lui fallait poursuivre ses conquêtes, afin de bénéficier des marchandises les plus raffinées. En cela, on vit les Mycéniens débarquer dans l'île de Zante et se lancer à l'assaut de la forteresse avec bravoure. Les casques et les boucliers bombés résonnèrent d’un bruit sec en recevant les blocs de pierre de meule jetés des murailles. Mais les Mycéniens finirent par l'emporter et s'établirent dans cet avant-poste maritime, à quelques brassées seulement du royaume d'Ulysse.

- LUMINEUSE EGYPTE -

De la mer à Héliopolis, à l’intérieur des terres du Delta, l’Egypte était large. C’était une étendue toute plate d’eau et d’alluvions couvert de papyrus géants. Au-dessus d’Héliopolis, l’Egypte était au contraire étroite et bordée par des déserts recouverts de sable et de montagnes. La Haute Egypte représentait donc une étendue exclusivement réduite aux rivages du Nil. Cependant, aucun des fleuves dont les sédiments avaient créé des terres n'était digne d'être comparé en importance à l'une des embouchures du Nil, qui en avait cinq. Mais ce sont les Dieux et les hommes qui nous intéressent ici. Et celui qui les représentait avec prestance était le divin Ramsès, qui lançait son char et ses magnifiques bataillons vaincre les Cananéens d'un côté, les gardiens de la cataracte d'Eléphantine à Syène, de l'autre.

- SUSPICIONS A BABYLONE -

Du côté du soleil levant, les grands empires poursuivaient leur expansion rapide. L'Egypte demeurait le royaume le plus vaste et le plus riche du monde, certes, mais l'Assyrie devenait l'épouvantail du Proche Orient. Tout cela inquiétait vivement le Roi de Babylone, qui commençait à se demander si son rôle n'était pas voué à devenir secondaire. Et cela, il ne pouvait l'accepter. Il fit venir des ambassadeurs et autres émissaires dans sa capitale, pour conclure quelque alliance et être tenu au courant de tout.  D'ailleurs voici ce qu'il apprit...

- LES MURS DE JERICHO -

En ces temps troublés, à deux semaines de marche de Babylone, les Phéniciens investissaient Jéricho, dont les murailles étaient en ruine. La "ville de la Lune" avait été réoccupée par Josué, le successeur de Moshé ben Amram - mais si, vous le connaissez, c'est celui qui s'était enfui d'Egypte - grâce à l'Arche d'Alliance et sept chofars. Elle devenait la propriété du Roi Zimrida et les gens de Sidon y firent de grands travaux pour restaurer la tour principale, les murailles, le palais et redorer le passé glorieux d'une ville millénaire cerclée d'oliviers par milliers.

- LA GORGONE -

Dans un ciel matinal d'Orient aux teintes dorées, d'étranges faits ont été narrés ; faits qui font échos à des événements très anciens. Méduse était une jeune fille, belle et délicate, qui eut la malchance de croiser le Dieu Poséidon, un jour d'orage. Le Dieu de la mer se jeta sur elle et s'y accoupla. Comme cela se passa dans un temple dédié à Athéna, cette dernière se fâcha avec Poséidon et décida de transformer la charmante mortelle en une horrible Gorgone aux cheveux de serpents. Désormais, Méduse "la terrifiante" hantait la région de l'Anatolie septentrionale en émettant d'affreux gémissements, doublé de sifflements reptiliens. Son regard avait le pouvoir de pétrifier tout mortel qui la croisait... et c'est ce qui arriva au Roi Hattušili, neutralisé lors de son avance vers Tapikka.

- LES MALHEURS DU HATTI -

Ce n'était point la seule déconvenue relatée au pays des Hittites. Le Roi était pétrifié en pleine campagne, nous l'avons dit, mais le Prince héritier n'en menait pas large non plus. Traversant les hautes montagnes de l'Asie Mineure, son armée arriva sur les contreforts des rivages sauvages du Pont. Dans la brume, les Hittites se mirent à imaginer prendre la cité d'Alybée, à l'embouchure du fleuve Halys. Ils furent reçus par le Roi des Halyzones, un peuple dont la réputation au combat a été maintes fois signalée. Cet Epistrophe ne fit pas dans la dentelle et repoussa les importuns avec une rage peu commune. Les Hittites se rallièrent dans le brouillard de la montagne. 

- LA BEOTIE SOUMISE -

Avec leur Roi Ménesthée, les Athéniens étaient maintenant de vaillants conquérants, au sein même de l'Hellade, perpétuant des raids réguliers et violents contre leurs voisins. Ascalaphe d'Orchomène en savait quelque chose, lui qui voyait ses soldats attaqués, sa cité assiégée, sa dame convoitée. Cette dernière, Phébé, était la petite soeur d'Hélène de Sparte et de Clytemnestre de Mycènes. Pour remporter le tout, Ménesthée faisait sa proie du Roi Ascalaphe, en personne, un brave parmi les guerriers de la première ligne. Il lança sa pique au niveau du cimier du casque au crin épais. Il l’attint au front, où la pointe de bronze s’enfonça et traversa l’os. L’ombre couvrit les yeux du souverain d'Orchomène et il s’écroula d’un coup dans la mêlée brutale.

- DOUCE CRETE -

L'illustre Idoménée, lorsqu'il était courroucé, pouvait devenir un dangereux compétiteur au coeur de la Mer Egée. Mais, rappelé par le chant des Muses, il préféra rapatrier toutes ses forces terrestres et navales dans son île natale, un havre de paix notoire. En cela, il ne participait pas à la chasse aux pirates, qui poursuivaient leurs exactions. Mais, par un hasard détestable, aucun navire marchand ne vint se ranger dans un port crétois. Les pirates s'en retournèrent, piteux, et jurèrent qu'on ne les y prendrait plus.

- LE PERIL THRACE -

A l'entrée du détroit de l'Hellespont, la venteuse Troie était en émoi car, pour la seconde fois, ses armées engagées au loin avançaient à grand peine pour mater les peuplades farouches. Il fallait derechef faire appel aux meilleurs combattants de la Cité et user d'une ruse, c'est-à-dire manoeuvrer de nuit pour renverser une situation désespérée. La ville de Mésembrie fut ainsi attaquée avec perfidie lors d'une opération nocturne. Les jeunes gens de Troie, avec de tendres pensées, investissaient enfin la ville des Thraces ; Thraces qu'ils considèraient volontiers comme des rustres incultes. Au petit matin, le Prince Enée, dévoré par un esprit de revanche, transperça d'un estoc en plein coeur le Roi Acamas et regarda, à ses côtés, ses compagnons tomber dans la poussière. Les Thraces épargnés, les cheveux en touffes sur le crâne, acceptèrent de se soumettre aux Troyens. Le péril thrace était écarté pour longtemps. Du coup, Priam pouvait cueillir Byzance et Antandros.

- CONQUETE DE RHODES -

Alors que Poséidon envoyait une brise favorable, l'équipage s'activait ; on dressait le mât, on déployait la voile blanche. Le vent gonflait la toile et l'étrave tranchait le courant au fil des flots égéens. La marine milésienne partait ainsi à la conquête de la riche cité d'Ialysos sur l'île de Rhodes. Et, contre toute attente, le Roi Tlépolème ne résista pas bien longtemps. C'était à croire que le Roi Amphimaque avait Athéna à ses côtés, la Déesse aux yeux pers, pour s'emparer de cet immense producteur de vins renommés. Des vins noirs capiteux et des blancs couleur de miel. Malheureusement, Athéna n'était pas présente pour les autres opérations ! Voilà pourquoi on vit les armées milésiennes patauger lamentablement devant Colophon et reculer devant les défenseurs de Gadis.

- ULYSSE AUX MILLE RUSES -

Ulysse restait aux yeux des Dieux, l'homme le plus retors du monde. Son habileté tortueuse parvenait toujours à l'extraire de situations lourdement compromises. Certes, les Assyriens lui avaient déclaré leur méfiance et la guerre. Certes, les Illyriens de Salone l'avaient chassé des mines d'argent. Certes, les Sikèles lui infligeaient un revers retentissant devant Sélinonte. Mais Ulysse réussit à appitoyer les Dioscures Castor et Pollux, qui l'aidèrent à s'implanter à l'embouchure d'un fleuve peu connu de Padanie. Là, les Ithaquiens fondèrent Adria, une ville sur pilotis.

- DERNIERS COMPTOIRS -

Les ambitions commerciales des Rois les plus actifs ne laissaient que peu de latitude aux petits marchands indépendants. Après quatre années de négoces, il ne restait que quatre comptoirs libres, la plupart dans les capitales des grandes puissances : Ithaque, Memphis et Sidon, ainsi que le comptoir d'Alep, abondonné depuis la révolte des Amorrites.

- JEUX PANHELLENIQUES -

En cet an bissextil, les agônes - ces concours organisés lors de célébrations religieuses - étaient annoncés par les porteurs de trêves qui sillonnaient l'Hellade et les grandes nations périphériques. De grands jeux allaient célébrer les Dieux et acclamer les héros. On élevait de nouveaux temples et, à leurs côtés, de nouvelles aires pour se défier. Pour chaque épreuve, seul le vainqueur avait droit aux honneurs et sa Cité recevait une prime substantielle de 30 millions.

Course à pied (premier importateur) : Benitos de SPARTE

Pentathlon (premier exportateur) : Antonial de SIDON

Course hippique (éclat de la civilisation) : Ksawierê d'EGYPTE

Pugilat (premier conquérant) : Ksawierê d'EGYPTE 

Poésie musicale (investissements royaux) : Mikaelos de MYCENES

Le premier cycle de quatre ans permettait aussi à chaque souverain d'obtenir de plus amples informations au sujet de son armée, sa flotte, son économie et son administration. La popularité royale a été corrigée, en fonction de vos actes, car pendant que certains refusaient avec sagesse d'envoyer leurs hommes à une mort certaine, d'autres n'importaient même pas de céréales ou d'huile, gage de stabilité !

Date limite : vendredi 23 octobre 2020 à quatre heures de l'après-midi.