CHANT VI
7 novembre 2020
A L'ORACLE DE LA DIVE AMPHORE

S I X I E M E C H A N T - L ' I N T E R V E N T I O N D E L A P Y T H I E
Elle se tenait accroupie lorsque les prêtres pénétrèrent sous la voûte pour lui demander de les suivre. Un Roi était là et voulait une réponse des Dieux. Le septième jour du mois de juin, une branche de laurier dans la main, la pythie entra en transe, puis rendit l'oracle, d'une voix chaudement rauque.
- LA PYTHIE -

Les Immortels bienheureux étaient loin d’avoir oublié les réalisations des hommes de l'Hellade. Mais les querelles ne faisaient que grandir et les messagers apportaient des missives alertes et inquiétantes. C'en était trop pour le Roi Agamemnon, qui décida d'aller consulter l'oracle d'Apollon, puis celui de Zeus à Olympie. Là, où Héraclès avait été le fondateur des Jeux olympiques, Agamemnon demanda à la Pythie d'apaiser ses doutes. Sa réponse fut claire : "les faibles doivent mourir selon la première loi de la nature." Le Roi de Mycènes sortit du sanctuaire les yeux écarquillés et demanda qu'on lui fasse couler un bain et qu'on lui apporte du vin. Il cogita ainsi jusqu'au soir tombé, jusqu'à ce que ses doigts ressemblent à ceux d'un vieillard à la peau frippée. Et pendant qu'une esclave le servait, le Roi de Mycènes se tourna : "Scribe, tu peux envoyer les ordres". Agamemnon venait de déclarer officiellement la guerre à l'Assyrie. Il était demandé à Salmanazar de remettre de l'ordre chez lui, pour apaiser les Dieux.
- LA BRAVOURE DE MENESTHEE -

Dans le royaume voisin, on s'activait pour mener à terme une opération de longue haleine. Ménesthée et ses Athéniens au cuir épais s'en allaient porter la guerre au large, en chassant les pirates de leurs rivages. Cette année, la bravoure athénienne allait principalement se découvrir sur mer, car un ambassadeur déclara que Ménesthée venait de déclarer officiellement la guerre à Ulysse d'Ithaque. Et pour aller à Ithaque, il fallait bien évidemment des bateaux. Les Dieux étaient fébriles et dansaient sur le Mont Olympe. Les hommes allaient s'entretuer dans une guerre digne de la gigantomachie, remportée autrefois par le grand Zeus.
- THALASSOCRATIE CRETOISE -

Tel Apollon à l'arc d'argent, les Crétois étaient passés maîtres dans l’usage des armes à longue portée. C'est pourquoi, leur Roi Idoménée manoeuvra avec ses archers, pour se débarrasser une fois pour toutes du péril marin en Mer Egée. On chantait depuis, les exploits de ce fils de Deucalion, brave au combat et rusé dans le mouvement, afin de surprendre les pirates refoulés par Ménesthée, au large du Cap Sounion. Les navires de ces bandits furent brisés et noircirent l'écume des flots, tandis que leurs âmes furent englouties dans les abysses. Enivrés par cette victoire facile, les Crétois firent porter à Ulysse une lettre dans laquelle ils expliquaient qu'Idoménée venait de déclarer officiellement la guerre à Ithaque, lui aussi. Cette fois, l'affaire était sérieuse et les Crétois montraient leur détermination à n'avoir aucun rival sur les mers. Pour Ulysse, l'addition était lourde, puisqu'il était en guerre contre trois royaumes !
- HECTOR -

Autour des épaules, le grand Hector jeta sa longue épée et son bouclier aux clous d’argent. Sur sa tête, il mit un casque étincelant à crins de cheval, dont le panache à l’air oscillait, effrayant. Il hurla vers ses hommes et tous se lancèrent à l'attaque des pauvres gens de Poliochni l'insulaire. Cette ville, la doyenne des cités grecques, tomba comme un fruit mûr. Il en fut de même au beau milieu des terres de Phrygie, où l'archer Pandare emmenait les troupes troyennes prendre la ville de Dorylée. Les combats furent bien menés et la ville devint le chef lieu de la bordure troyenne en Anatolie.
- LA FOLIE D'ULYSSE -

Homère n'était que le témoin transparent des faits terribles qui se déroulaient dans les lieux presqu'imaginaires du monde méditerranéen et dont il a été de tous temps pieux et charitable de taire le nom. C'est pourtant avec le sourire que l'on découvrait le Roi d'Ithaque, empêtré dans des problèmes qui ne semblaient guère l'atteindre. Ulysse poursuivait fièrement son voyage, sans se soucier des pertes humaines et sans saisir l'incohérence de la répétition de ses échecs. En Sicile, certains affirmaient l'avoir vu vider tout l'or de ses coffres, pour l'offrir aux peuples indigènes. Dans les cours des palais de l'Hellade, une rumeur persistait sur le fait qu'il était devenu... fou !
- LA SOLITUDE D'ACHILLE -

Une des caractéristiques d'Achille aux pieds légers est qu'il ne s'arrêtait jamais de faire la guerre. A peine avait-il conquis Iolque, qu'il courait, altier, à la tête des Myrmidons pour prendre Mélibée. Là, un podestat de Thessalie, nommé Philoctète, hésitait à venir l'affronter ou s'enfermer dans sa cité. Comment pouvait-on le convaincre de défier un combattant d'une telle trempe ? Achille y parvint et l'inconscient Philoctète vint seul dans la plaine. Mais alors, le Roi de Phthie s’élança et de sa pique, troua la cotte de maille à la poitrine, jusqu’au poumon. Retirant sa lance, Achille dégaina son épée pour frapper cette fois au milieu du ventre et lui ravir le souffle. C'est alors qu'Achille put entrer dans Mélibée. Mais Achille comprenait qu'il était de plus en plus seul et, soudain, il s'inquiéta pour son allié, Nestor de Pylos. La flotte fut envoyée au plus vite pour le sortir d'un mauvais pas.
- DESILLUSION NESTORIENNE -

Ce que personne n'avait subodoré, c'est que les fils d'Atrée allaient avancer ensemble, pour abattre ce qu'ils considéraient comme un danger immédiat. Agamemnon et Ménélas agirent pour la première fois côte à côte et s'en allèrent au bas du Péloponnèse pour massacrer le vieux Nestor de Pylos. L'allié récent d'Achille vit soudain deux armées immenses descendre des montagnes arides. La première était envoyée par les Spartiates. La seconde était menée par Agamemnon, désireux d'en finir au plus tôt. Le nombre et la fougue des guerriers ne laissèrent aucune chance aux hommes de Nestor. Dans le tumulte impudent du carnage, les Mycéniens et les Spartiates poussèrent des cris effroyables et rassasièrent Arès du sang de leurs adversaires. Lorsque les marins d'Achille arrivèrent, tout était fini.
- LE MARBRE DE TABARKA -

Parmi les matériaux de construction les plus nobles, trônaient la diorite, le granit et, bien sûr, le marbre. Tous l'avaient bien compris et les trois points névralgiques de sa production étaient désormais sous contrôle de marchands sérieux. Les Phéniciens étaient les derniers à commercialiser cette matière rare et appréciée, en prenant la ville numide de Tabarka. Non loin de là, n'y avait-il pas le plus beau marbre de Chemtou ? Un marbre jaune pour réaliser des vases merveilleux, des sols d'une fraîcheur incomparable et un mobilier princier unique.
- PRISE ECLAIR DE SAMOS -

La flotte milésienne était alors l'une des plus puissantes en lice et son Roi désirait l'utiliser à escient. On se mit dès lors à la rame pour investir les îles voisines. L'ambitieux Amphimaque faisait de Samos sa première proie. Pour cela, il y conduit sa meilleure armée, afin de régner sur cet avant-poste égéen de la plus grande importance. Durant les combats, Amphimaque en noble guerrier, s’approcha du chef local et lui envoya son épée sur le flanc. Le temps de voir le coup dévié par le bouclier, Amphimaque fit une feinte à droite, pour attaquer ensuite à la tête, du côté de la nuque. La lame passa droit à travers les dents et coupa la racine de la langue. L’homme s’écroula dans la poussière, ses dents se refermant sur le bronze froid.
- MENELAS L'INSOUCIANT -

La côte hostile des Illyriens n'impressionnait nullement le Roi Ménélas, qui la longeait depuis plusieurs jours. Mais une chose était sûre : le souverain de Sparte n'avait pas consulté les oracles et n'avait retenu aucune leçon du passé, malgré les mauvais augures et l'échec retentissant d'Ulysse. Voilà pourquoi le débarquement en terre dalmate fut une opération laborieuse et coûteuse. Deux fois les Spartiates, au prix de furieux combats, atteignirent les murs pour être privés de leur victoire par les Dieux, qui prétendaient que l’heure de la chute de Salone n’avait pas sonné.
- L'OEIL DU PHARAON -

Les Egyptiens des régions où l'on ensemmençaient la terre étaient, de tous les hommes, les gens les plus attachés à leur passé et, de tous ceux que j'ai pu interroger, les plus instruits sur ce sujet. Sur les deux oracles de Zeus qui se trouvaient l'un en Hellade, l'autre en Libye, voici ce que racontaient les Egyptiens. Aux dires d'un prêtre du Zeus thébain - que les autochtones nomment Amon - les Phéniciens enlevèrent deux femmes consacrées au service du Dieu et l'on sut que l'une avait été vendue en Libye, l'autre chez les Grecs de Dodone. Je leur demandais d'où il tenait une pareille certitude ; ils me répondirent qu'on avait fait des recherches minutieuses et qu'il était de bon aloi de toujours se méfier des Phéniciens. Voilà pourquoi Ramsès continuait à élever des statues qui regardaient, observaient, épiaient.
- REVOLTE DANS LE HATTI -

Au levant de l'Anatolie, la ville de Karahna était une résidence du Roi Hattušili, depuis que Sa Majesté l'avait conquise. Cette cité secondaire ne connaissait pourtant point la vie paisible d'une ville de province. On aurait dit une femme sauvage, attirante mais indomptable. Et de fait, elle avait été difficile à prendre, comme elle avait été difficile à quitter. C'était dans ses environs, que le Roi fit la connaissance de la Gorgone, souvenez-vous. Pour achever sa triste réputation, cette ville se souleva contre son souverain, qui avait omis d'y placer une garnison. Le gouverneur et les représentants royaux durent se cacher dans les grottes des alentours. Hattušili n'avait plus d'autres choix que d'y envoyer l'armée au plus vite.
- ATTAQUE DU PRINCE NERIKKAILI -

Pendant ce temps, le Prince Nerikkaili, premier fils du Roi du Hatti, lançaient une offensive au-delà du fleuve Halys. Il pénétra profondément au coeur du pays phrygien pour atteindre Ancyre. Pour cela, il fallu gravir au galop un dénivelé caillouteux et découvrir le plateau anatolien couvert de verts conifères. A ce que l'on raconte, les Phrygiens eurent la peur de leur vie en voyant la charrerie hittite à la charge et s'enfuirent sans combattre. Une autre opération devait enrichir un peu plus le Hatti. Depuis Alybée, l'armée du Prince Tudhaliya longea la côte et pris de force la petite cité de Sinope. Le Hatti devenait invincible !
- NUIT D'AMOUR A BABYLONE -

Ayant honoré toute la nuit une courtisane aux cheveux blonds et à la peau claire, Kadašhman-Enlil ne se réveilla qu'au petit jour. Ses généraux se présentèrent en prétendant que tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes. Mari n'avait pas encore été prise, mais elle était cernée. De plus, Untašh-Napirišha, l'allié élamite des Babyloniens, venait d'écraser la vermine mède à Ecbatane. Le Roi de Babylone pouvait aller se recoucher.
- L'ARCHE D'UTANAPISHTIM -

A voir les mouvements des cavaliers assyriens sur les pistes d'Orient, les gens instruits se demandaient ce que cherchait le Roi Salmanazar. Peut-être voulait-il retrouver la montagne où s'était échouée jadis l'arche ? Car il se souvenait d'un récit ancien, qui racontait que les Dieux, en colère contre les éternelles insuffisances de l'intelligence humaine, avaient décidé d'éliminer les hommes dans une gigantesque inondation. Uta-napišhtim, le protégé du Dieu Enki, eu vent du projet et construisit un navire géant appelé le "sauveur de la vie". Le déluge tua tous les hommes et tous les animaux qui n'avaient pas trouvé refuge sur cette arche. Le Roi avait ses chimères. Ses armées avaient des objectifs. Tarse et Ašhnakkum devenaient assyriennes.
- LA VOIX DES EPHORES -

Le ciel s'assombrissait et les Dieux grondaient. Tout cela, parce que les hommes ne savaient pas entendre, ne voulaient pas comprendre. L'éphorat fut ainsi appelé à régler les différends et éclaircir les incompréhensions. Tout se cristalisait autour des alliances à venir et l'encadrement d'une hypothétique législation. Mais jamais dans les règles il n'avait été question de canaliser les termes d'une alliance. Il ne fallait point mélanger et confondre "paix imposée" pour cinq ans (au terme d'une guerre) et "alliance". Tous les accords et toutes les promesses annoncées dans une alliance ne regardaient que les deux signataires. Et tous les ordres précédés d'un "si" étaient déclarés caduques. Les éphores se retirèrent et allèrent se laver les mains. Ils ignorèrent ces Rois qui n'arrivaient point à s'accorder avec clarté. On entendit un ricanement sourd... puis plus rien.
Date limite : vendredi 27 novembre à midi.
Guerres déclarées :
SALMANAZAR d'Assyrie est en guerre contre ULYSSE d'Ithaque
AGAMEMNON de Mycènes est en guerre contre SALMANAZAR d'Assyrie
IDOMENEE d'Ithaque est en guerre contre ULYSSE d'Ithaque
MENESTHEE d'Athènes est en guerre contre ULYSSE d'Ithaque

Alliances officielles :
Alep : le Roi Talmi-Sarruma est le vassal de SALMANAZAR d'Assyrie
Chalcis : le Roi Eléphénor est le vassal de MENESTHEE d'Athènes
Ebla : le Roi Ammistamru est le vassal d'ULYSSE d'Ithaque
Suse : le Roi Untašh-Napirišha d'Elam est le vassal de KADASHMAN de Babylone
Tyr : le Roi Aribas est le vassal de RAMSES d'Egypte.
Wašhuganni : le Roi Shattuara du Mitanni est le vassal de SALMANAZAR d'Assyrie

Tableau actualisé des Exportateurs :
Argent : Ebla (ULYSSE), Ispal (AMPHIMAQUE), Salone.
Bois : Ašcalon (RAMSES), Byblos (ZIMRIDA), Tyr.
Céréales : Babylone (KADASHMAN), Chersonèse, Memphis (RAMSES).
Chevaux : Ecbatane (KADASHMAN), Hattušas (HATTUSILI), Tanagra (MENESTHEE), Troie (PRIAM).
Huile : Amyclées (MENELAS), Cnossos (IDOMENEE), Jéricho (ZIMRIDA).
Marbre : Halicarnasse (AMPHIMAQUE), Naxos (IDOMENEE), Tabarka (ZIMRIDA).
Métaux : Assur (SALMANAZAR), Kythion (ZIMRIDA), Malatya.
Or : Abdère (PRIAM), Colchis, Semna.
Poterie : Athènes (MENESTHEE), Corinthe (AGAMEMNON), Panorme.
Sel : Istros, Pallantium, Sidon (ZIMRIDA).
Tissu : Akragas (ULYSSE), Milet (AMPHIMAQUE), Trachis (ACHILLE).
Vin : Ialysos (AMPHIMAQUE), Ithaque (ULYSSE), Tarse (SALMANAZAR).
