CHANT XXII
19 novembre 2021
A L'ORACLE DE LA DIVE AMPHORE

V I N G T D E U X I E M E C H A N T - C O N C O R D E G R E C Q U E
L'impatience des Dieux atteignait son paroxysme dans la grande guerre égéenne qui embrasait les cités depuis huit ans. Zeus décida d'arrêter cette infernale danse macabre en faisant décisivement pencher la balance de la victoire d'un côté.
- ULTIMES COMBATS -

Le Roi Amphimaque ne voulait pas quitter la scène guerrière qui se déroulait autour de la Mer Egée sans remporter une victoire. Celle-ci se produisit sur les flots, entre l'île d'Imbros et la Troade. Là, un choc furibond devait se dérouler entre les vaisseaux milésiens, qui cherchaient la seconde flotte de Priam, bien que celle-ci était partie déposer des troupes à Abdère. Mais quelques jours plus tard, les Milésiens furent satisfaits de voir cingler vers eux les bateaux de la première flotte troyenne. Cette dernière fut envoyée par le fond, dès que les Milésiens reçurent le renfort des vaisseaux crétois. En effet, les Crétois avaient décidé de frapper un grand coup et allaient faire beaucoup parler d'eux cette année.
- L'ASSAUT IRRESISTIBLE DES CRETOIS -

Idoménée ne pouvait se résoudre à abandonner son allié milésien. Ainsi, ordonna-t-il à toutes ses forces encore sur pied d'être embarquées pour être jetées sur les fortifications de la capitale de Priam. Ce dernier venait tout juste de rentrer d'une manoeuvre dans le Pont et s'organisait aussitôt pour repousser l'offensive de la dernière chance. Idamante, le Prince héritier de la Crète était à la tête des troupes royales, mais au contact de l'ennemi, il était personnellement attaqué par un Troyen et ripostait en frappant de son épée à la bonne poignée en plein foie. Pendant que le Troyen levait les yeux au ciel en grimaçant, Idamante souriait en voyant le foie jaillir du corps, ruisselant d'un sang noir. Un autre fantassin tentait de le surprendre, mais le Prince de Crète l'atteignait au coude, à l'endroit où se rejoignent les tendons. L'homme, pétrifié, restait à attendre, le bras lourd, la mort devant les yeux. D'un geste puissant, Idamante à l'épée acérée lui tranchait le col et jetait au loin la tête avec le casque, regardant ensuite la moelle sortir des vertèbres.
- SECONDE PRISE DE TROIE -

Les Crétois pouvaient compter sur leurs féroces alliés lyciens pour entretenir le combat. Les attaques se succédaient, mais les Troyens les repoussaient... tout en réduisant une révolte d'esclaves intra muros. Priam se demandait tout de même pourquoi ces Crétois se montraient si confiants. Renouvelant les assauts, Idamante voyait ses contingents fondre, mais poursuivait son plan sans penser à rien d'autre qu'en la victoire. Cette dernière se dessinait à la force des successions de combats d'une violence inouïe, au bout desquels les Troyens n'eurent plus un seul homme pour défendre le Roi. Les portes furent enfoncées. Les Crétois triomphaient. Mais, visiblement, cet acte de bravoure n'avait pas été mené au bon endroit...
- CAPITULATION D'AMPHIMAQUE -

Car personne n'était venu pour tenter de libérer la capitale fumante des Milésiens. Amphimaque, sans plus de troupe armée, était fait prisonnier et était obligé d'accepter les conditions imposées par Priam, grand vainqueur d'une guerre qui, enfin, prenait fin. La prise d'Halicarnasse et de son marbre exportable clôturait ce long conflit. Tous les royaumes égéens, de la Crète au Hatti, étaient désormais en paix, pour cinq ans. Amphimaque devait payer une dette de guerre, au prix fort.
- LA LENTEUR PROVERBIALE DE MENELAS -

Le Roi Ménélas ne saisissait pas pourquoi ses armées étaient toujours en retard ou au mauvais endroit. Sur le continent, on en était arrivé à utiliser l'expression "voyager comme un Spartiate", avec un sourire en coin, ce qui indiquait voyager en ignorant le temps, du fait de mauvais itinéraires ou de destinations improbables. La troisième armée lacédémonienne, menée par Nicostrate, concrétisait une fois de plus cette manière de procéder, en errant dans la campagne de Phocée, hésitant à aller détruire la ville de Sardes (pourtant alliée des Troyens et donc de Ménélas), puis souhaitant massacrer les impudents Crétois avancés à Phocée. Mais, Ménélas n'étant en guerre officielle qu'avec Amphimaque, il ne pouvait rien faire, là. En conclusion, Ménélas venait de perdre cinq années au milieu d'un conflit qui ne lui avait rien rapporté !
- LE BASILIC -

De toutes les façons, les Spartiates ne parvenaient dans les environs de Phocée qu'à la fin de l'année et ce que les citadins racontèrent leur glacèrent le sang. Un serpent géant et malfaisant hantait l'arrière-pays de Phocée depuis des lustres. Les habitants l'appelaient le Basilic, c'est-à-dire le Roi des reptiles, et ils se méfiaient particulièrement de cette créature au venin et au regard mortels. Le Prince Mérion de Crète, qui était le général de la seconde armée, en avait été l'objet et avait eu le plus grand mal à s'en défaire. Idoménée comprit alors pourquoi l'offensive sur Troie n'avait pu être menée que par deux armées et non trois.
- VIGUEUR HITTITE -

Il avait fallu attendre les derniers mois pour voir les Hittites utiliser leurs forces avec succès. C'était alors que les Troyens osaient franchir le fleuve Halys, symbole de la frontière du royaume, que les Hittites avaient retrouvé tout leur mordant. Ils infligèrent une sévère défaite aux troupes du Roi Priam qui marchaient avec prétention sur Hattušas. Le Roi Hattušili s'emparait avec bonheur de l'épée recouverte d'or du général Pandare et se réjouissait d'une si belle fin de conflit. Chersonèse restait hittite et, jamais, le coeur du royaume anatolien n'avait été réellement inquiété.
- POUR L'AMOUR DE KASSAIA -

La douce Princesse de Nerik croyait avoir réussi à attirer l'attention du Roi du Hatti et ne voulait plus le lâcher, tant qu'il ne se serait pas montrer plus enclin à lui donner une preuve de son amour. Cependant, Hattušili n'était pas d'humeur à plaisanter et envoya à Nerik les redoutables Amazones. Ces dernières trucidèrent sans pitié toutes les prêtresses du grand temple et emmenèrent Kassaia pour la juger. Alors qu'elle attendait le verdict, la Princesse apprit avec une tristesse infinie qu'elle ne pourrait jamais accéder à la couche du Roi. Elle s'empoisonna et demanda à la Reine des Amazones de la poignarder en plein coeur.
- AU DELA DES COLONNES D'HERAKLES -

Très loin de là, une poursuite impitoyable durait depuis des années entre la flotte mycénienne et la marine milésienne. Ayant profité des tracas d'Amphimaque, les hommes d'Agamemnon avaient su s'imposer dans la péninsule ibérique. Mais Amphimaque ne l'entendait pas de cette oreille et tenait à tirer celles des Mycéniens qui avaient osé le braver. Pour cela, deux flottes milésiennes étaient en chasse et souhaitaient ardemment intercepter ces faquins. Elles n'y parvinrent pas, n'étant pas en mesure de franchir le détroit des confins du Grand Bleu. De leur côté, les intrépides marins d'Agamemnon prenaient tous les risques en remontant le long d'une côte totalement inconnue.
- FAMINE AU HATTI -

Se sortant plutôt bien du conflit qui l'avait opposé aux rudes Troyens, le Roi Hattušili pensait que les malheurs de son peuple appartenaient au passé. Or, il se trouva que les Dieux n'avaient pas encore de cesse de tourmenter le Hatti. Une impitoyable famine s'abattait sur les villages du plateau d'Anatolie et ne permettait pas au Roi de récolter les revenus habituels. Il devait céans se contenter d'un demi-trésor pour financer ses prochains projets et d'une baisse de popularité conséquente.
- LE MASSACRE DE TYR -

Les Phéniciens de Sidon avaient un goût amer dans la bouche depuis que le Roi Aribas de Tyr s'était lié d'amitié avec le Pharaon d'Egypte. Cela faisait plus de vingt ans que la situation était inextricable et que cette enclave alliée des Egyptiens était source d'ulcères permanents pour les gens de Sidon. Mais l'heure de la revanche avait sonné pour Zimrida, qui lançait deux armées contre son voisin exécré, soutenus par des auxiliaires babyloniens et assyriens. Les Tyriens furent massacrés dès que leur île-cité fut investie par la flotte assyrienne. Les descendants des témoins m'ont racontés l'horreur de l'incendie de la ville et du traitement ignoble de la population. Zimrida s'avança vers Aribas et lui fit présenter une glacière, pour lui servir un gobelet d'argent rempli d'eau gelée pilée. Au même moment, il se retourna violemment pour lui trancher la gorge d'un geste sûr. Ainsi se terminait l'histoire de la rivalité entre Tyr et Sidon. Désormais, Zimrida était le seul maître de la Phénicie.
- EMBUSCADE EN CANAAN -

Si Aribas était seul à défendre Tyr, c'est que les Egyptiens étaient parvenus à se faufiler hors de cette nasse mortelle. Toutefois, le divin Ramsès, tel Seth le Rouge, n'était pas sorti d'affaire et sentait l'énervement poindre. Très vite, il se retrouva au combat pour endiguer l'attaque des Babyloniens aux lourds boucliers de l'illustre Kadašman-Enlil qui débouchait de la route du Jourdain. Mais, alors que l'on songeait à la fuite, Pharaon ordonna la charge, pour vaincre l'audace des Babyloniens et avoir une chance de revoir les flots du Nil. Aussitôt, la bataille s'engagea, les armées s'entrechoquèrent. Ramsès était tel Montou au lever du soleil. Son char tiré par deux étalons aux sabots vernis écrasait à la fois les morts et les boucliers. L'essieu sous la caisse et la rampe entre les chevaux étaient tout souillés de sang jaillissant en éclaboussures et sous les sabots des chevaux et jusque sur les mains du Roi. Les survivants criaient en cherchant à fuir, parfois en rampant. La tête ceinte du casque bleu de l'invincibilité, Ramsès remportait une victoire décisive, sur un adversaire en déroute après la démonstration égyptienne.
- LE PLAISIR SADIQUE DE LA TORTURE -

Que les hommes soient pauvres ou les filles de basse condition, la corruption pouvait toujours compter sur les gueux désargentés pour prospérer. C'est pourquoi les administrations royales étaient constamment gangrénées par la dénonciation et le mensonge calomnieux, menant dans des impasses. Jamais il n'y avait eu tant de complots et d'affaires suspectes. Les Rois se devaient de bien lire leur rapport, car c'est au détour de l'un d'eux que l'on découvrait Agamemnon faisant fouetter une danseuse pendant toute la journée pour obtenir un renseignement. La mère de cette pauvre enfant, qui gisait dans la cour du palais, eut peur que pendant ce temps-là, les mouches ne pussent pénétrer dans son corps à travers les blessures ouvertes et n'y fassent naître des vers, outrageant ainsi le cadavre. Agamemnon n'avait aucune pitié, car une information valait mieux qu'une vie humaine.
- COLONIES -

La fondation de villes nouvelles avait le vent en poupe en ces temps troublés. Et, pour cela, il fallait que les Rois n'oubliassent point d'envoyer une armée ou une flotte, ce qui trop souvent arrivait. En conséquence, les cartographes pouvaient maintenant localiser deux villes récemment mises en valeur : Samothrace et Epidamnos, respectivement érigées par Priam et Ménesthée. Pour Priam, souverain actif, c'était une action habituelle. Pour Ménesthée, par contre, c'était le signe de son réveil, peut-être. Mais pour l'heure, il attendait son bain, car il ne se passait pas grand chose dans son royaume.
Date limite : vendredi 17 décembre à midi.
Tableau actualisé des Exportateurs :
Argent : Ebla (SALMANAZAR), Ispal (-), Salone (MENELAS)
Bois : Ašcalon (SALMANAZAR), Byblos (ZIMRIDA), Tyr (ZIMRIDA)
Céréales : Babylone (KADASHMAN), Chersonèse (HATTUSILI), Memphis (RAMSES)
Chevaux : Ecbatane (KADASHMAN), Hattušas (HATTUSILI), Tanagra (MENESTHEE), Troie (PRIAM)
Huile : Amyclées (MENELAS), Cnossos (IDOMENEE), Jéricho (KADASHMAN)
Marbre : Halicarnasse (PRIAM), Naxos (IDOMENEE), Tabarka (IDOMENEE)
Métaux : Assur (SALMANAZAR), Kythion (SALMANAZAR), Malatya (HATTUSILI)
Or : Abdère (PRIAM), Colchis (HATTUSILI), Semna (RAMSES)
Poterie : Athènes (MENESTHEE), Corinthe (AGAMEMNON), Panorme (ZIMRIDA)
Sel : Istros (PRIAM), Pallantium (AGAMEMNON), Sidon (ZIMRIDA)
Tissu : Akragas (ZIMRIDA), Milet (AMPHIMAQUE), Trachis (ACHILLE)
Vin : Ialysos (IDOMENEE), Ithaque (ULYSSE), Tarse (SALMANAZAR)

Guerres déclarées :
SALMANAZAR d'Assyrie est en guerre contre AGAMEMNON de Mycènes
RAMSES d'Egypte est en guerre contre ZIMRIDA de Sidon
RAMSES d'Egypte est en guerre contre SALMANAZAR d'Assyrie
RAMSES d'Egypte est en guerre contre KADASHMAN de Babylone

Alliances officielles :
Alep : Talmi-Sarruma est le vassal de SALMANAZAR d'Assyrie
Argos : Diomède est le vassal d'AGAMEMNON de Mycènes
Chalcis : Eléphénor est le vassal de MENESTHEE d'Athènes
Sardes : Argon de Lydie est le vassal de PRIAM de Troie
Suse : Untašh-Napirišha d'Elam est le vassal de KADASHMAN de Babylone
Telmesse : Sarpédon de Lycie est le vassal d'IDOMENEE de Crète
Thémiscyre : Penthésilée de Thémiscyre est la vassale de HATTUSILI du Hatti
Tyr : Aribas est le vassal de RAMSES d'Egypte.
Wašhuganni : Shattuara du Mitanni est le vassal de SALMANAZAR d'Assyrie

Traités de paix imposés :
ZIMRIDA de Sidon et IDOMENEE de Crète sont en paix jusqu'au Chant XXVIII