A L'ORACLE DE LA DIVE AMPHORE

V I N G T  C I N Q U I E M E   C H A N T   -    T Y P H O N

Les hommes mortels passent comme les feuilles sur les arbres. Malgré cela, puisse le suprême Zeus leur accorder mesures et joies innombrables.

- REPRISE EN MAIN DE LA TROADE -

Hector avait fait descendre chez Hadès tant d'âmes valeureuses, livrant en proie les corps aux oiseaux et aux chiens. Après la ville d'Iolque, les Troyens remettaient de l'ordre à Mélibée, à grands coups de javelines, avec l'étrange concours des gens de Phthie, qui suivaient systématiquement les troupes troyennes, comme l'ombre suit les hommes. Les Troyens desserraient ainsi l'étreinte de la contestation en leur vaste royaume et se replaçaient en bonne position sur la carte du Monde. Il ne restait qu'à faire disparaître les nouvelles prétentions du Prince de Thrace...

- LE PRINCE RHESOS DE THRACE -

Les Thraces poursuivaient leurs méfaits car, après avoir massacré la garnison troyenne d'Abdère et privé le Roi Priam des ressources aurifères de la région, ces barbares dégénérés s'avançaient pour prendre Ismaros. Mais, cette fois, ils furent reçus par l'armée de Mynès, qui combattait au nom de Priam. Les Thraces furent massacrés sans une once de pitié. Cependant, Rhesos leur Prince, tenait toujours le trône d'Abdère et demandait chaque jour aux indigènes de le couvrir d'or. Les textes anciens nous le décrivent comme un despote efféminé, à la peau pâle et glabre, avec les cheveux aussi longs que ceux des jeunes femmes. Quel sort allait lui réserver Priam ?

- AUX PORTES DE L'EGYPTE - 

Ramsès avait profité d'un retour au bord de son Nil sacré pour réorganiser ses armées depuis Memphis. Sa Majesté retrouvait aussi sa douce Nebettaouy, fille de Nefertary, la prenait dans ses bras et pouvait sentir son sein parfumé. Quel contraste entre ce sentiment de douceur féminine et la fureur nauséabonde des combats. De fait, le divin Ramsès venait de guerroyer pendant dix ans. Il avait vu tant d'hommes mourir et tant de villes brûler. Ses troupes combattaient encore avec honneur, poursuivant plusieurs adversaires à la fois. Cependant, elles furent lourdement défaites lors de la violente bataille de Péluse. Là, les Egyptiens avaient tenté un assaut présomptueux contre la grande forteresse tenue par les Assyriens ; Assyriens qui recevaient à point nommé le soutien d'une armée phénicienne. La confrontation s'était terminée par une chaude attaque de l'infanterie lourde du Prince Hiram, qui brisait les rangs égyptiens. La cavalerie poursuivait les fuyards. Une armée égyptienne venait de périr totalement.

- IDOMENEE ET L'AMBASSADEUR D'EGYPTE -

Les Assyriens, qui avaient été sur le point de rembarquer leurs forces, n'étaient point vaincus en Egypte. Ils pouvaient compter sur une myriade d'alliés et voyaient Zimrida s'engager furieusement, pendant que Ménélas faisait voile rapidement et que Kadašman revenait crânement à la charge. Un cinquième vautour allait s'inviter dans cette tragédie grecque : à son tour, Idoménée, Roi de Crète, déclarait la guerre à Ramsès, lançait ses vaisseaux vers la côte du Delta du Nil et déversaient déjà de fraîches armées sur le Double-Pays. Après son éclat de rire irrévérencieux, l'ambassadeur d'Egypte en Crète fut remercié.

- SOUS LES VENTS DE POSEIDON -

Pendant douze jours, une tempête malmenait les vaisseaux égyptiens. Le ciel ne les lâchait pas et pour sauver leurs navires, les marins de Ramsès devaient trouver un refuge. La sueur les avait épuisé dans leurs efforts pour échapper à la mer déchainée et la fatigue avait tétanisé leurs bras, dompté leurs genoux. Voilà pourquoi la flotte égyptienne fut bien incapable d'attaquer qui que ce soit en Mer d'Erythrée et resta prudemment dans le bras occidental qui se dirige vers Klysma. 

- NOUVELLES COLONIES -

Les Grecs grouillaient autour de la Méditerranée comme des grenouilles au bord d'une mare. Ils ne cessaient de découvrir de nouveaux rivages et élevaient de nouvelles cités. Agamemnon, lui, avait osé envoyer une flotte au-delà des colonnes d'Héraklès et visitait les pays les plus étranges tout en découvrant les climats les plus inhabituels. Ainsi, aux confins de la solitude, sa flotte atteignait-elle le petit fleuve Léguer sur les côtes déchiquetées de l'Armorique. Là, ses hommes installèrent un campement qui allait devenir la ville portuaire de Mannalias, car il y avait dans ce cours d'eau de nombreux saumons. Plus près de l'Hellade, les Athéniens érigeaient l'agréable colonie d'Egnatia dans les Pouilles. Quant aux Assyriens, qui souhaitaient être les premiers en tout, ils construisaient Arrapha aux marges de la plaine.

- PUTRIDE BABYLONE -

Depuis la nuit des temps, il existait des peuples dont l'existence paisible ne semblait ne pas avoir l'approbation des Dieux. C'était le cas de la puissante Babylone, une cité qui n'était guère ménagée par les démons les plus malfaisants de la Mésopotamie. Ainsi, après avoir connu des invasions, puis une famine, le pays des Babyloniens était maintenant ravagé par une épidémie. Kadašman se devait de se prémunir de toutes ces calamités, car ses armées avaient besoin d'un arrière-pays sain, si elles voulaient poursuivre leur campagne jusqu'en Egypte.

- REGLEMENT DE COMPTE MARCHAND -

Les espions avaient bien tout examiné et s'en étaient retournés. Leurs rapports mettaient aussitôt Agamemnon en fureur et, sur-le-champ, il déclarait expulser les marchands assyriens de sa capitale, Mycènes. Une fois de plus, un comptoir était vidé de ses marchands et, pour plus de clarté, nos scribes inscrivaient pour chacun des souverains la liste des comptoirs redevenus libres : Athènes, Ithaque, Memphis, Mycènes et Troie.

- MORT AUX FAIBLES -

Un mouvement de liberté était en marche depuis quelques années et Phocée n'y échappait point, se révoltant contre la paresse, l'intempérance et les débauches du gouverneur spartiate.

Plus grave était la situation de l'île de Crète, autrefois pacifique et prospère. Une faction hostile aux décisions du Roi Idoménée parvenait à acheter des mercenaires, qui venaient grossir les rangs d'une armée. Cette dernière apparaissait soudainement à la pointe orientale de la grande île et s'emparait de Zakros. Elle était menée par un certain Molus, fils illégitime de Deucalion, le père d'Idoménée. La lutte promettait d'être âpre !