CHANT XXIV
21 janvier 2022
A L'ORACLE DE LA DIVE AMPHORE

V I N G T Q U A T R I E M E C H A N T - O R G I E S
Heureux celui des hommes qui a connu ces choses. Mais celui qui n'a pas eu part aux sacrements des orgies grecques, celui-là n'aura pas un sort égal dans les ténèbres de la mort.
- LES MYSTERES D'ELEUSIS -

En Hellade, près de Mégare, entre Athènes et Corinthe, au pied du temple de Demeter, il y avait un bâtiment. Et dans ce bâtiment, il y avait un grand escalier qui menait à un endroit secret. Là, se cachait un sanctuaire reconnu pour ses Mystères, que seuls les initiés pouvaient pratiquer. Certains croyaient fermement qu'il s'y déroulait des orgies aux flambeaux, sur un tapis d'épis de blé, un stupre ésotérique promettant une vie après la mort. Mais comme la divulgation des rites était strictement défendue et qu'aucun initié n'avait jamais trahi ce secret, aucun témoignage ne pouvait décrire réellement ces cérémonies. Si je m'égare sur ce sujet, c'est que beaucoup de souverains s'étaient fourvoyés cette année, à propos de la politique générale du concert méditerranéen. Ce qui rendait la situation particulièrement complexe.
- IMBROGLIO COMMERCIAL -

A commencer par le commerce. Ce dernier engendrait de véritables luttes, lorsque l'humeur des Rois était changeante. Ainsi, pouvait-on assister à une valse de transfert de propriétés pour les comptoirs des grandes Cités. Pour y voir plus clair dans cet enchevêtrement économique, voyons qu'il restait quatre comptoirs, tous situés dans une capitale, soit à Athènes, Ithaque, Memphis et Troie. Depuis, les marchands semblaient avoir laissé leur place aux diplomates, surtout dans la promiscuité du comptoir de Mycènes, où se jouaient d'étranges intrigues en lieu et place d'échanges commerciaux.
- HARUSPICINE TRONQUEE -

Plus confuse encore était la situation diplomatique, lorsque les Lacédémoniens, qui se montraient outrés, abattaient soudain leurs cartes. Les Spartiates n'avaient-ils pas apprécié la danse des hiérophantes ? Etaient-ils déçus par la conduite de la guerre récente contre Milet ? Quoi qu'il en fût, Ménélas déclarait la guerre à Ramsès d'Egypte. L'haruspicine - soit l'art divinatoire de lire dans les entrailles d'un animal sacrifié - semblait avoir subjugué les esprits les plus éveillés de Laconie. Par contre, une logique évidente s'étalait sur le parchemin, lorsque Ménélas et Idoménée actaient l'échange de la ville de Phocée avec celle de Gabès.
- RECRUDESCENCE DES REVOLTES -

Tel un feu attisé par le vent des plaines, la Thessalie était en émoi. Les Cités se révoltaient les unes après les autres, depuis que les Rois avaient réagi avec mollesse. Comme des tourbillons de poussières dans l'été caniculaire, les habitants d'Iolque et de Larissa s'agitaient et déclaraient ne plus vouloir de la suzeraineté étrangère. Priam devait remettre de l'ordre pour l'une, Idoménée pour l'autre. Les Troyens envoyèrent promptement leur meilleure armée régler l'affaire, les Crétois point. Seule Larissa parvint à croire à son indépendance. Mais la nouvelle avait-elle trouvé écho, que la ville d'Abdère et ses mines d'or se défaisaient de la tutelle troyenne par une invasion barbare. Non loin de là, la ville portuaire de Mélibée se révoltait, elle aussi. Puis, c'était au tour d'Ambracie. Quels temps !
- REACTION D'ACHILLE -

Le peuple de Phthie attendait beaucoup du sursaut royal de son héros. Achille ne devait point le décevoir, car il brûlait d'obtenir la gloire et, d'abord, de venger sa défaite contre la coalition des vils Grecs du Sud. Après avoir rompu le jeûne en dévorant un gâteau de miel et en buvant un cycéon - un breuvage à base de lait de chèvre, de vin et d'aromates - Achille s'empara de son casque à cimier, laissant dépasser ses longs cheveux blonds. Puis, il fit signe à ses hommes. Conscient que le soulèvement thessalien était une chance pour lui, Achille ordonnait qu'on aille voir sur place. Ses armées s'avancèrent vers Larissa et Iolque.
- CONTRECOUP TROYEN -

Tout cela se réalisait avec la prudence qui sied, car les esprits de Phthie savaient ô combien le Roi Priam était susceptible. Car à Troie, justement, les discussions étaient houleuses quant à l'avenir des villes d'outre-Egée. Jamais le vieux Priam n'accepterait de les voir quitter le giron troyen. Et, de fait, Hector débarquait déjà pour remettre de l'ordre à Iolque. Ainsi, Achille pouvait prendre Larissa, volontiers cédée par les Crétois, mais devait se contenter de regarder la manoeuvre troyenne à Iolque.
- LES PHENICIENS -

Voici ce qu'un habitant d'un port d'Orient dont le nom m'échappe m'a raconté : Zimrida de Sidon, qui se faisait appeler le "Grand Maître des Mers", frottait quotidiennement dans ses mains une statuette pour invoquer une divinité, afin que ses marins cessent d'être poursuivis par la guigne. Malheureusement, le Roi avait beau frotter et prier, Eole refusait obstinément d'ouvrir la moindre outre de vent à la flotte sidonienne. En conséquence, les matelots phéniciens végétaient au large d'Ikosim, sans espoir d'aventure et de gloire.
- FIERTE EGYPTIENNE -

Le Prince Amenemopet, vainqueur des Assyriens recevait les honneurs du Roi. Récompensé par son divin père en personne, Amenemopet avait pu inviter son état-major et ses fantassins pour un festin. Il y avait de quoi faire saliver les Dieux : des cuisses d'antilopes rôties, des ris de veaux grillés, des foies d'oies gavées, de la bière mélangée à de l'hydromel et des gâteaux coniques de rhizomes de roseau au goût de noisette avec des dattes et du miel. Mais pendant qu'il festoyait à Siouah, le Prince laissait une occasion unique et inespérée aux Assyriens de reconstituer leurs forces.
- PANIQUE A PHAROS -

Aussitôt, les Assyriens entreprenaient un retour gagnant sur l'île de Pharos. La population égyptienne était atterrée. Non seulement les armées royales n'avaient pas rejeté à la mer ces satanées troupes ennemies pourtant en déroute à Paraetonion, mais voici que Salmanazar venait défier Pharaon en débarquant aux portes du Delta. La garnison pratiquement inexistante fut rapidement mise hors de combat et Salmanazar se vanta d'avoir lui-même écorché vif le gouverneur de la citadelle. Le pénis de ce malheureux fut sectionné et envoyé par un diplomate au palais de Memphis. Quant au reste du corps, Salmanazar l'abandonnait sur le sable du rivage, léché par le ressac. Autour de lui, anguilles et poissons s'occupaient à ronger la graisse enveloppant ses reins.
- INTERVENTION D'APOPHIS -

Ce que redoutaient le plus les Egyptiens était soudain apparu, la personnification du chaos, du mal et de l'obscurité. Le serpent géant Apophis, le champion des mauvais présages de la nuit, venait hanter les journées du gros Merenptah, l'un des fils du divin Ramsès. Les scribes de ce Prince avaient signalé une éclipse du soleil, qui traumatisait tous les hommes de l'armée. Cette cinquième armée n'avait donc pu effectuer la moindre manoeuvre cette année. Ceci embarrassait profondément Ramsès, qui demandait au clergé de réciter des prières aux Dieux Rê et Seth, les meilleurs ennemis de ce sale bestiau ovipare.
- ZIMRIDA ET KADASHMAN -

Les Rois de Sidon et de Babylone étaient amis depuis longtemps. Reçu plusieurs fois au palais de Zimrida, Kadašhman invitait à son tour le Phénicien à sa cour. Mais, alors que le Roi de Babylone croyait impressionner la délégation de Sidon, tous durent déchanter lorsqu'ils découvrirent que le pays souffrait d'un manque affreux de nourriture. La famine faisait rage à Babylone et les prochains revenus s'annonçaient faméliques. En conséquence, les indigènes et leurs invités ne purent ripailler. Hélas pour eux !
Sur le théâtre des opérations, Kadašhman n'était pas plus heureux. Dans un grand mouvement de solitude, les troupes babyloniennes n'épaulaient nullement la coalition assyro-phénicienne. Pire, les soldats engagés dans le Sinaï rebroussaient chemin et la flotte, qui avait été le cauchemar des Egyptiens, mit les voiles pour rentrer penaude à Asion-Gaber.
- OLYMPIADES -

Même si Ulysse souhaitait vivre des expériences lors de banquets mémorables pour comprendre ses songes, beaucoup de Grecs et quelques Barbares décidaient de se rendre à Olympie, à Corinthe ou à Némée, pour assister aux Jeux. Tous les quatre ans, les Jeux remplaçaient la guerre, le temps d'une compétition qui mettait à l'honneur les exploits des éphèbes. Chacun des champions recevait la gloire dans son pays et son Roi obtenait une prime substantielle.
- Course à pied (premier importateur) : Benedictos de SPARTE
- Pentathlon (premier exportateur) : Noé de CRETE
- Course hippique (éclat de civilisation) : Crenpas de TROIE
- Pugilat (premier conquérant) : Crenpas de TROIE
- Poésie musicale (investissement royaux) : Stan-Enlil de BABYLONE
Date limite : vendredi 18 février à midi.
Tableau actualisé des Exportateurs :
Argent : Ebla (SALMANAZAR), Ispal (-), Salone (MENELAS)
Bois : Ašcalon (RAMSES), Byblos (ZIMRIDA), Tyr (ZIMRIDA)
Céréales : Babylone (KADASHMAN), Chersonèse (HATTUSILI), Memphis (RAMSES)
Chevaux : Ecbatane (KADASHMAN), Hattušas (HATTUSILI), Tanagra (MENESTHEE), Troie (PRIAM)
Huile : Amyclées (MENELAS), Cnossos (IDOMENEE), Jéricho (KADASHMAN)
Marbre : Halicarnasse (PRIAM), Naxos (IDOMENEE), Tabarka (IDOMENEE)
Métaux : Assur (SALMANAZAR), Kythion (SALMANAZAR), Malatya (HATTUSILI)
Or : Abdère (PRIAM), Colchis (HATTUSILI), Semna (RAMSES)
Poterie : Athènes (MENESTHEE), Corinthe (AGAMEMNON), Panorme (ZIMRIDA)
Sel : Istros (PRIAM), Pallantium (AGAMEMNON), Sidon (ZIMRIDA)
Tissu : Akragas (ZIMRIDA), Milet (AMPHIMAQUE), Trachis (ACHILLE)
Vin : Ialysos (IDOMENEE), Ithaque (ULYSSE), Tarse (SALMANAZAR)

Guerres déclarées :
AGAMEMNON de Mycènes est en guerre contre SALMANAZAR d'Assyrie
RAMSES d'Egypte est en guerre contre SALMANAZAR d'Assyrie
RAMSES d'Egypte est en guerre contre KADASHMAN de Babylone
RAMSES d'Egypte est en guerre contre MENELAS de Sparte
RAMSES d'Egypte est en guerre contre ZIMRIDA de Sidon

Alliances officielles :
Alep : Talmi-Sarruma est le vassal de SALMANAZAR d'Assyrie
Argos : Diomède est le vassal d'AGAMEMNON de Mycènes
Chalcis : Eléphénor est le vassal de MENESTHEE d'Athènes
Sardes : Argon de Lydie est le vassal de PRIAM de Troie
Suse : Untašh-Napirišha d'Elam est le vassal de KADASHMAN de Babylone
Telmesse : Sarpédon de Lycie est le vassal d'IDOMENEE de Crète
Thémiscyre : Penthésilée de Thémiscyre est la vassale de HATTUSILI du Hatti
Wašhuganni : Shattuara du Mitanni est le vassal de SALMANAZAR d'Assyrie

Traités de paix imposés :
AMPHIMAQUE de Milet et PRIAM de Troie (et tous leurs alliés) sont en paix jusqu'au Chant XXVIII.
ZIMRIDA de Sidon et IDOMENEE de Crète sont en paix jusqu'au Chant XXVIII.