CHANT XIII
2 avril 2021
A L'ORACLE DE LA DIVE AMPHORE

T R E I Z I E M E C H A N T - L E R E P O S D E S G U E R R I E R S
L'invocation se destinait aux trois frères, c'est-à-dire à Zeus, à Poséidon et à Hadès, les Dieux qui règnent sur le ciel, la mer et les enfers. Le sacrifice, cher aux Eternels, devait servir à mieux appréhender la traversée.
- HARO SUR LE PONANT -

Une multitude de navires grecs faisaient voile vers l'horizon, celui où le soleil se couche chaque soir. Ces bateaux traçaient leur route, de jour comme de nuit, vers les terres vierges ou peu explorées du Ponant. Les galères athéniennes franchissaient le détroit d'Otrante et entraient en Adriatique. Cette mer, autrefois visitée par Ulysse et Ménélas, était loin d'avoir livrés tous ses secrets et les Athéniens voulaient en avoir le coeur net. Les Milésiens, eux, cherchaient assurément un site favorable à leur implantation en Italie. Quant aux Spartiates au fameux cri de guerre, ils prenaient possession de "l'île aux cailles" d'Ortygie, que l'on disait habitée par une nymphe. Ce qui, en langage mythologie, signifiait que là, sourdait une source d'eau vive.
- LE PAYS DES LESTRYGONS -

Trois jours avaient été nécessaires à la flotte de Nomion, neveu d'Amphimaque de Milet, pour passer des côtes de porphyre rouge de la pointe occidentale de la Sardaigne à la mer Tyrrhénienne. Ballotés dans les bouches de Bonifacio, perdant un bateau contre les rochers, tirant des bords dans le dédale de l'archipel de la Maddalena, les marins arrivaient enfin au Cap de l'Ours avec sa silhouette granitique si reconnaissable. Ce détroit, mangeur de navire, annonçait la présence d'un peuple anthropophage. En effet, là, vivaient les Lestrygons, qui ressemblaient non à des hommes mais à des géants. Ils jetèrent des rochers en direction de la flotte, d'où s'élevait un tumulte affreux causé par le gémissement des rameurs et par le fracas des nefs brisées. Ces contretemps émurent Nomion et modifièrent ses plans. Le Prince de Milet décida de reprendre la mer vers une plus sage destination. Ce faisant, il croisa le bouillant Diomède d'Argos, allié d'Agamemnon, qui n'eut pas peur d'affronter les géants.
- COLONISATION DE LA SARDAIGNE -

Les impressionnants nuraghes ont toujours été des sujets inépuisables de la narration épique. Le nom même de la mer Tyrrhénienne dérivait tout simplement du grec tyrrhenoi qui signifiait "constructeurs de tours". Les hommes qui avaient élevées ces tours coniques, sommeillaient par centaines dans le maquis et se levèrent au premier retentissement de corne. Diomède d'Argos débarquait avec ses meilleurs soldats pour les attaquer hardiment et s'emparer sans tarder du palais d'Antiphatès, un bâtiment admirable orné de portiques en pierre polie. A peine avait-il vaincu les Lestrygons, qu'il envoya les marins d'Agamemnon fonder la ville d'Olbia au pied d'une carrière de marbre.
- LES DOUCEURS D'ATHENES -

Menesthée avait beaucoup guerroyé et sentait monter en lui une irrépressible envie de repos. Après avoir reçu des cadeaux de ses alliés, il se vautra dans le plaisir, fessa ses concubines et dépensa sans compter pour s'offrir un palais aussi grand et aussi accueillant que celui d'Idoménée. On ajoute que Ménesthée était un Roi soucieux de son peuple et qu'il permit à ses soldats de prendre eux aussi du bon temps. Ainsi donc, pendant que les marins exploraient les côtes, les soldats se vautraient dans la luxure.
- COUTUMES CRETOISES -

Idoménée tenait lui-même la barre du vaisseau principal de la flotte et suivait un cap au gré des vents alliés, sans montrer à ses hommes le véritable but de sa destination. Ces Crétois avaient d'étranges moeurs, avouons-le, car une seconde flotte minoenne rebroussait tout-à-coup chemin, dissuadée peut-être par les hauts fonds de la grande Syrte. Les marins retrouvaient Cyrène et les femmes exerçant le plus vieux métier du monde, en remerciant leur Prince Mérion, qui se livrait aux charmes d'un festin, sans craindre d'avoir perdu une année.
- MYCENES LA DOREE -

Agamemnon le Glorieux était agacé de ne recevoir que des esclaves sans fard, sans odeur et sans élégance. Son allié Ménesthée lui fit livrer une demoiselle de haut rang, capturée par ses hommes à Trachis. Cette Princesse déchue devint son souffre-douleur et dut supporter tous ses caprices, son infinie libido et ses grossièretés quotidiennes. Chaque soir, la pauvre enfant devait apaiser la faim et la soif de ce monarque exigeant. Certains affirment qu'il la battait autant qu'il la prenait, car il aimait ça. Décidément, les Grecs vivaient des temps de débauches, pendant qu'Arès s'armait.
- LES TITANS DU LEVANT -

Ainsi, les Grecs étaient occupés à copuler, mais une ombre terrible grandissait dans le ciel d'Orient, un immense danger avançait depuis les régions des grands fleuves. De multiples armées se regroupaient et convergeaient vers l'Amurru. Au bord du Tigre, le long de l'Euphrate et au-delà des berges du Nil, des grappes de bataillons s'avançaient vers la guerre. Une gigantesque confrontation se préparait et les Rois consultaient les oracles, interrogeaient leurs conseillers.
- LA FOUGUE DE RAMSES -

Ceux qui avaient l'esprit aux femmes étaient loin de se douter qu'un souverain n'allait pas laisser la Concorde s'installer aisément au Levant. Ramsès le Grand venait de prendre une décision et les Phéniciens allaient devoir prier tous leurs Dieux, car la survie de leur peuple était soudain posée sur la balance du destin. L'Egypte déclarait officiellement la guerre à Sidon. Toute la région était en émoi, d'autant qu'elle grouillait de soldats de toutes les nations.
- LE VICE ROYAUME DE KOUSH -

Juste avant la quatrième cataracte, le Nil longeait une montagne sacrée où résidait le Dieu Amon, vénéré des Egyptiens, mais aussi des Nubiens. Amenmès "le Fils royal de Koush" dirigeait sa colonne dans la sécheresse lumineuse de ce pays mystérieux, situé au-delà du Tropique, que les troupes du Roi Thoutmosis Menkheperrê avait atteint un siècle et demi plus tôt.
Les Egyptiens continuaient de bourlinguer bien loin de leur Nil et vinrent surprendre les pêcheurs de la mer Erythrée (Rouge), en fondant une colonie portuaire à Klysma.
- LA RUINE DE PHTHIE -

Le pauvre Achille se morfondait dans son palais saccagé par l'occupation des troupes athéniennes. Citant des vers comme un rhapsode s'adressant à la mort, le héros de Phthie errait parmi les âmes consumées. De Trachis, partaient des charriots couverts d'or et de bibelots pour Athènes, car Achille était digne et voulait honorer au plus tôt sa dette de guerre, acceptée à la plus haute exigence des Athéniens. Le Roi de Phthie n'était pas camelot et n'avait pas discuté, mais il était l'un des souverains les plus fiers et devait céans ronger sa déception. Quand les Dieux le voudront, peut-être redeviendra-t-il invincible ?
- LE FLEUVE TANAIS -

Au-delà du Pont vivaient d'étranges peuplades qui faisaient frémir les jeunes aventuriers en quête d'héroïsme. Ainsi, les Hippémoques, connus pour boire le lait de leurs juments, parcouraient au galop les plaines infinies de l'Asie. Les Skiapodes vivaient sur un seul pied aux abords de la Mer Hyrcanienne (Caspienne). Les Hénioques conduisaient de lourds chariots sans jamais se fixer et les Hyperboréens représentaient les hommes les plus heureux du Septentrion, dans une contrée où le soleil ne se couchait jamais. Par devant cet horizon mythique, trônaient les Scythes, un peuple de nomades menés par des hommes à la haute stature et aux cheveux roux, les Arimaspes. On dit qu'ils avaient un oeil ouvert seulement, indiquant qu'ils appartenaient à la famille des Cyclopes ou tout simplement qu'ils étaient de bons archers. Le Roi Hattušili voulut les soumettre en s'installant dans un comptoir avancé, à l'embouchure du fleuve Tanaïs. Mais il ouvrait, là, une boîte de Pandore et se trouva engagé dans un conflit infini, puisque les nomades lui laissaient la ville, mais conservaient l'arrière-pays.
- LES TROYENS EN PEONIE -

La colonne du Prince Enée s'avançait à travers les montagnes en remontant le lit d'un cours d'eau nommé Axios, prenant sa source au Nord de la Macédoine. Après avoir maîtrisés les Thraces, les Troyens s'enfonçaient maintenant dans le pays des Péoniens, de coriaces montagnards. Pour les vaincre, les hommes d'Enée appliquèrent une tactique éprouvée maintes fois contre les Thraces, à savoir une ruse nocturne, pour entrer dans la ville. Le Roi Pyrechmès n'y vit que du feu et se retrouva aussitôt prisonnier.
En amont d'un petit fleuve aux ondes gracieuses, les Troyens fondaient la ville de Lyrnessos, que les aèdes déclaraient être l'un des berceaux des Sibylles. Ces femmes avaient le don de prophétiser, mais Priam n'y trouva pas de sanctuaire, rien que des artisans potiers.
- AMBITION MARITIME -

Bien loin de ces turpitudes, le Roi Salmanazar ordonnait à ses chantiers navals de tourner à plein régime. Décidément, l'ardeur était grande chez les charpentiers. De sa demeure sise dans les eaux bordant l'île de Samothrace, Poséidon "le porteur de mort" se frottait les mains et ordonnait à Amphitrite de lui apporter son trident. Python s'étant assoupi toute une année, c'était à lui de tourmenter les hommes.
- LE SAC DE NIPPUR -

La ville sainte de Nippur était un domicile pour le Dieu Enlil, le Seigneur du Cosmos, mais aussi un lieu de culte très important pour la Déesse Išhtar, sur lesquels veillaient jalousement les souverains de Babylone. Mais, en cette année néfaste, le Roi Kadašhman faisait honte à sa dynastie, puisqu'il perdait le contrôle de la région, ravagée par les incursions de tribus aryennes. Ces dernières furent toutefois respectueuses du lieu, ne tuant personne, mais ne se privant point de tout emporter, sacs de grains, objets précieux, hommes, femmes, enfants. Les Aryens ne laissèrent sur place qu'une mégère infertile, qui se disait être la grande prêtresse du temple d'Enlil et la propriétaire de tous les dattiers poussant le long de l'Euphrate.
- REVOLTE DE ZANTE -

La nuit enveloppait de sa robe sombre l'île de Zante, qui venait de se déclarer en révolte. Ulysse et sa petite bande, mis au courant quelques jours plus tard, ne pouvaient espérer rétablir la situation. Quelle divinité funeste pouvait bien s'acharner sur le misérable Roi d'Ithaque ? Nul n'osait y penser, mais une chose était sûre, c'est que le traité de paix imposé par ses ennemis allait être bientôt caduque. Ulysse allait pouvoir devenir libre et agir à sa guise.
Date limite : au soleil couchant du vendredi 23 avril.
Tableau actualisé des Exportateurs :
Argent : Ebla (SALMANAZAR), Ispal (AMPHIMAQUE), Salone (MENELAS)
Bois : Ašcalon (RAMSES), Byblos (ZIMRIDA), Tyr
Céréales : Babylone (KADASHMAN), Chersonèse (PRIAM), Memphis (RAMSES)
Chevaux : Ecbatane (KADASHMAN), Hattušas (HATTUSILI), Tanagra (MENESTHEE), Troie (PRIAM)
Huile : Amyclées (MENELAS), Cnossos (IDOMENEE), Jéricho (ZIMRIDA)
Marbre : Halicarnasse (AMPHIMAQUE), Naxos (IDOMENEE), Tabarka (ZIMRIDA)
Métaux : Assur (SALMANAZAR), Kythion (ZIMRIDA), Malatya (HATTUSILI)
Or : Abdère (PRIAM), Colchis (HATTUSILI), Semna (RAMSES)
Poterie : Athènes (MENESTHEE), Corinthe (AGAMEMNON), Panorme (ZIMRIDA)
Sel : Istros (PRIAM), Pallantium, Sidon (ZIMRIDA)
Tissu : Akragas (ZIMRIDA), Milet (AMPHIMAQUE), Trachis (ACHILLE)
Vin : Ialysos (AMPHIMAQUE), Ithaque (ULYSSE), Tarse (SALMANAZAR)

Guerre déclarée :
RAMSES d'Egypte est en guerre contre ZIMRIDA de Sidon

Alliances officielles :
Alep : Talmi-Sarruma est le vassal de SALMANAZAR d'Assyrie
Argos : Diomède est le vassal d'AGAMEMNON de Mycènes
Chalcis : Eléphénor est le vassal de MENESTHEE d'Athènes
Sardes : Argon de Lydie est le vassal de PRIAM de Troie
Suse : Untašh-Napirišha d'Elam est le vassal de KADASHMAN de Babylone
Telmesse : Sarpédon de Lycie est le vassal d'IDOMENEE de Crète
Thémiscyre : Penthésilée de Thémiscyre est la vassale de HATTUSILI du Hatti
Tyr : Aribas est le vassal de RAMSES d'Egypte.
Wašhuganni : Shattuara du Mitanni est le vassal de SALMANAZAR d'Assyrie

Traité de paix imposé :
MENESTHEE d'Athènes et ACHILLE de Phthie sont en paix jusqu'au Chant XVII